Connectez-vous avec le Vase

Le Vase des Arts

Concert du Nouvel An : advienne que pourra !

Publié

le

L'art du pittoresque

La tradition viennoise de fêter le Nouvel An en musique de valse est devenue une plaisante habitude un peu partout. Pour 2020 la chorale lyonnaise Spirito, dirigée par Nicole Corti et accompagnée au piano à quatre mains par Guillaume Coppola et Thomas Enhco, a proposé son concert Valsez maintenant à la CMD.

En ajoutant un troisième temps à la marche binaire humaine, la valse invite tout naturellement à la danse, ses pâmoisons, ses chavirements de cœur. A ses débuts, d’ailleurs, la valse était considérée aussi indécente que le « twerking » de notre temps.

Dès l’entrée des artistes, la soirée s’est annoncée pittoresque : seize chanteurs, quatre pour chaque pupitre, les hommes en chemise et gilet gris, une broche dorée et enrubannée sur la poitrine, les femmes en grande tenue, chacune dans une robe de style, couleur et degré de chatoiement différents, les deux pianistes en costume sombre et chemise blanche sans cravate, assis côte à côte au grand piano.

Le programme commence par les Liebeslieder Walzer op. 52 de Brahms, chansons d’amour pour différentes configurations de voix. Ce sont des œuvres miniatures et diverses mais d’une bonne humeur constante, interrompue quand même par une composition chorale de Robert Pascal, Les entraves mystérieuses, brillante démonstration de dissonance par les choristes.

Guillaume Coppola joue trois valses de Chopin, qui savait prendre le motif triple et l’adapter, voire le subvertir, pour faire de la Valse en ut dièse mineur une plainte d’amour langoureuse. Le pianiste terminé son cycle par la Grande Valse Brillante, un feu d’artifice qui envoie, et c’est normal, plein d’étincelles – puis ajoute, comme s’il jouait un tour à son partenaire, un extrait des Danses hongroises de Brahms,

Thomas Enhco, déjà connu du public soissonnais pour son inventivité, joue ce qui est sans doute le morceau le plus substantiel de la soirée, une longue improvisation sur… les Danses hongroises, en y introduisant progressivement les syncopes du jazz.

Les choristes reprennent leur place, et les deux pianistes leur tabouret, pour la transcription vocale par Bruno Fontaine de trois valses symphoniques, les complexifiant pour démontrer la virtuosité de la chorale.

Comme Chopin, Sibelius savait, dans sa Valse triste, traduire une mélancolie romantique ; Heure exquise de Lehar est dansante, lente, romantique, en un mot exquise.

Nicole Corti dirige le public.

Pour finir, et pour convertir les plus rétifs, la seconde Valse de Chostakovich. «  Si vous voulez chanter, ne vous gênez pas » annonce Nicole Corti au public ; plus tard, elle se tourne vers la salle et bat la mesure, en faisant des dessins en l’air avec les mains.

Une soirée pittoresque, donc. Il flotte certes derrière cette épithète une autre : « kitsch ». Les robes, la mise en voix de valses orchestrales, même les deux jeunes pianistes impeccablement bien élevés partageant un clavier, pourraient l’évoquer.

Mais tout a été justifié par l’entrain des artistes. Et quand on a pu chanter la valse de Chostakovich, après l’avoir longuement adorée, on ne peut que tout approuver en s’écriant « Bonne année, bonne décennie ! Advienne que pourra… »

Continuer la lecture
P U B L I C I T É

Inscription newsletter

Catégories

Facebook

LE VASE sur votre mobile ?

Installer
×