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Danse

Le spectacle qui s’interdit

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L'art de la violence chorégraphiéé

Ce n’est pas souvent que le titre d’un spectacle interdit le spectacle lui-même. Pour comprendre, il faut lire à haute voix le titre du nouveau ballet de Benoît Bar, dansé devant de jeunes enfants dans la petite salle en bas du théâtre du Mail : « Fo-pa-tapé ».

Yohan Piot demande des baisers à Emmanuelle Gouiard et Anusha Emrit.

Yohann Piot demande des baisers à Emmanuelle Gouiard et Anusha Emrit.

Pas impressionnés du tout par ce rappel, deux danseuses-percussionnistes,  et un percussionniste-danseur tapent sur tout ce qui leur tombe sous la main, ou sous le bâton ou un gros marteau.

En principe, le spectacle propose un panorama de différentes formes de percussion, allant du marimba aux mains qui frappent par terre. Mais les gestes d’Emmanuelle Gouiard (récemment au Mail dans « Echoa », autre spectacle de percussion/danse), Anusha Emrith et Yohann Piot abordent constamment la violence, jusqu’à mimer des menaces envers le public ou se bagarrer entre eux. Dans des situations toujours à faire rire, ils illustrent les pulsions qui génèrent cette violence et les réactions, que ce soit une violence réciproque, la soumission ou l’astuce. Quand l’homme s’emporte sans explication, les femmes le retiennent, par exemple quand il tente de démolir ses instruments. Les femmes, elles, sont plus souvent frustrées dans leur élan parce que les instruments qu’elles manient soudain leur imposent des mouvements au lieu de rester inanimés (en de belles démonstrations de contrôle musculaire). Serait-ce un commentaire sur la différence entre la violence telle qu’apprennent à la pratiquer les garçons, et telle que la subissent les filles ?

Le trio est capable aussi de regretter un coup donné, de chercher la réconciliation, puis de repartir dans les mauvais coups.

Avec Benoît Bar, une séance de questions après "Fopatapé".

Avec Benoît Bar, une séance de questions après “Fopatapé”.

Naturellement, les jeunes spectateurs ont aimé voir des adultes se chamailler. « Fopatapé » leur permet de voir, dans un cadre chorégraphique, cette violence que les adultes désapprouvent, critiquent, limitent ou interdisent.

Dans une rencontre avec les artistes et le chorégraphe après le spectacle, un petit spectateur pose une question essentielle : « Les baffes sont-elles vraies ou fausses ? » La réponse de Benoît Bar, maître-ès-communication avec les enfants, est tout aussi essentielle : « On ne vous dira pas : c’est notre secret. » Le théâtre, c’est justement ce secret-là qui le fait fonctionner.

denis.mahaffey@gmail.com

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