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Exposition

Aider à vivre aux Soins palliatifs

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L'art d'aider la vie

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAvant de les observer il faut les découvrir. Un nouveau venu dans les longs couloirs de l’Unité de soins palliatifs de l’hôpital de Soissons est d’abord préoccupé par ce qui se passe dans les chambres, là où la vie humaine vacille. Mais lorsqu’il lève les yeux au-dessus des murs et des portes, il peut se croire le premier à remarquer au plafond un minuscule oiseau figé dans son vol. Puis il en aperçoit un autre, et enfin se rend compte que ces hirondelles sont partout, en vol ascendant ou en piqué. Sur les murs, en haut, elles sont plus grandes, leurs couleurs se distinguent, et elles accompagnent les personnes qui avancent dans le couloir. Au plafond leur taille miniature montre l’altitude à laquelle elles volent dans tous les sens.

Le cadre infirmier de l’USP Isabelle Bouret avait gardé le souvenir des « aérials » du sculpteur Carlo Wieland à l’Arsenal en 2005, et lui a demandé de réfléchir à une œuvre artistique pour ce service, qui se veut ouvert à la vie et sa créativité. L’Unité doit être un «  vivoir », non pas un mouroir.

Les hirondelles volent à l'USP.

Les hirondelles volent à l’USP.

La demande a pris un sens plus personnel pour Carlo Wieland quand son épouse, l’artiste Mireille Descombes, s’est trouvée patiente dans le service. Après son décès, il a voulu exprimer sa gratitude pour le « travail extraordinaire » qui se fait dans cette unité. « Je voulais faire quelque chose de discret, qui modifie l’atmosphère. »

Il a pensé aux oiseaux soudain un matin. « Toutes mes idées me viennent quand je suis à moitié éveillé » dit-il en riant. « Voilà ! Au boulot ! »

Carlo Wieland avec l'équipe soignante.

Carlo Wieland avec l’équipe soignante.

Pendant un an il allait peindre le soir, avec ses acryliques, ses pinceaux et son escabeau. « Quand les visiteurs sont partis et c’est tranquille, je travaillais, je parlais avec les soignantes. »

Le résultat est à l’opposé d’une œuvre qui veut frapper le spectateur, forcer l’admiration. Il faut à chaque fois chercher ces hirondelles, plus nombreuses là où l’activité est la plus intense autour du poste infirmier. Pourquoi des hirondelles ? « Cet oiseau est une messagère entre les vivants et les morts. » Nous sommes dans le domaine du mythe, non pas du dogme.

Ici et là il y a des taches bleues comme faites au pochoir. Ce ne sont pas des nuages tels que les dessinent un enfant mais, au contraire, les endroits où le ciel bleu traverse la couverture nuageuse que forme la peinture blanche. L’au-delà, avec toute la symbolique de ce terme dans ces lieux, est caché par les nuages du quotidien, mais se laisse tout de même entr’apercevoir.

Un oiseau (encerclé) s'envole ; deux restent sur le fil.

Un oiseau (encerclé) s’envole ; deux restent sur le fil.

L’équipe infirmière s’est réunie pour marquer la fin de cette réalisation. Il s’agissait, non pas d’une inauguration, mais de retrouvailles sous les ailes des oiseaux. On parle du projet. « Au fond » déclare Carlo Wieland « l’art est ce qui aide à vivre. »

En haut de la porte d’une chambre, deux oiseaux perchent sur un fil, et un troisième s’envole, déjà si loin qu’il est à peine visible. A côté, une date en 2014. L’artiste signe ainsi son œuvre.

denis.mahaffey@levase.fr

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