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Histoire

Vertige à l’envers : la cathédrale d’Amiens

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L'art des cathédrales

OLYMPUS DIGITAL CAMERAUne personne sujette au vertige aurait intérêt à placer une main sur la pierre d’un des piliers massifs de la nef de la cathédrale d’Amiens, chacun formé d’un faisceau de colonnes, avant de lever les yeux vers le sommet. Car même si le vertige se sent généralement au-dessus d’un vide béant, il est possible de le sentir autant en laissant s’envoler le regard en haut, le long du pilier. Il monte, monte, jusqu’au chapiteau à la naissance des arcs des bas-côtés, continue avec un profil plus fin entre les ouvertures du triforium, traverse la claire-voie qui inonde tout l’espace de sa lumière, et ne se termine que là ou jaillissent enfin les arcs brisés qui recouvrent la nef. La sensation d’élancement, de hauteur déstabilise les sens autant qu’une falaise aux pieds d’un promeneur de bord de mer.

Pour le visiteur soissonnais à Amiens, l’immensité de la cathédrale Notre-Dame, la plus vaste de France, réussit l’exploit de rendre notre Saint-Gervais et Saint-Protais presque cossue par comparaison. Le rapprochement est une preuve que les voyages, tout en menant aux découvertes, servent autant à jeter un nouvel éclairage sur ce qu’on retrouvera en rentrant.

Wolf Ruschke de Hanovre.

Wolf Ruschke de Hanovre.

denis.mahaffey@levase.fr

Soudain, quelques notes de musique s’entendent à travers la cathédrale. S’agira-t-il d’un de ces enregistrements d’orgue qui polluent la quiétude des églises entre les offices, une couche de son sans fin censée distraire les touristes ? Les notes s’arrêtent. Puis recommencent, le son d’une clarinette qui, loin de tout répertoire liturgique, laisse sentir les balancements du jazz.

Le musicien se tient dans le collatéral sud près du portail. Il joue sans faire attention aux passants, et sans qu’ils fassent bien attention à lui. Il s’arrête, range les parties de son instrument dans son étui.

Wolf Ruschke est allemande. Il voyage avec sa femme, qui explique que « son hobby est de jouer dans les églises ». Il avait demandé l’autorisation avant de commencer à improviser dans celle d’Amiens. Il trouve l’espace trop grand pour sa musique, mais en fait on pouvait l’entendre de l’autre côté de la nef.

Le couple part à présent pour Beauvais. D’où est-il originaire ? « La ville de Hanovre. » Près de Stadthagen, ville jumelée avec Soissons ? « A quarante, cinquante kilomètres. » Le monde est petit. Et dans ce petit monde, Wolf Ruschke viendra-t-il un jour animer avec sa clarinette les très belles proportions de notre cathédrale ?

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