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Danse

Joie de corps : La Finale

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L'art du corps dansant

Le Vase des Arts était à La Finale le 10 mars au Mail.

C’est paradoxal : la force de ce spectacle de danse, par la compagnie Grenade de la chorégraphe Josette Baïz, vient de la nature rudimentaire de son intrigue. Huit danseurs se retrouvent à un casting. Quelques appels sur les haut-parleurs, quelques mouvements d’émulation entre les candidats, c’est tout, on n’en parlera plus. Mais la situation sert de tremplin à une heure palpitante de danse, collective ou individuelle – ou, la plus extraordinaire, collective et individuelle en même temps. C’est-à-dire que chacun s’engage dans une danse qui le caractérise et le met en valeur, et qui en même temps s’intègre dans un mouvement d’ensemble. Les danseurs accomplissent des exploits physiques, mais jamais jusqu’au point où la danse glisserait vers l’acrobatie.

Le résultat est d’une grande richesse visuelle, sollicitant le regard du spectateur partout à la fois. Cette richesse est soulignée par la nudité du plateau, vidé jusqu’au mur du fond noir décati.

En 1989 Josette Baïz a commencé à donner des cours de danse contemporaine dans les quartiers Nord défavorisés de Marseille, et à intégrer dans son enseignement toutes les formes de danse qu’elle y découvre. Elle a fondé le « groupe Grenade » pour enfants et adolescents, puis la compagnie Grenade pour des danseurs professionnels. La Finale a été créé il y a un an.

Le dernier spectacle de danse au Mail avant La Finale offre un contraste fondamental. Le Yacobson Ballet a présenté trois extraits de ballets de Tchaïkovski en janvier. Dans le ballet classique, tout le corps du danseur, torse, bras, jambes, est formé pour dessiner des lignes nettes, continues, gracieuses, et toute son énergie sert à cacher l’effort que cela exige. Les danseurs de La Finale, au contraire, sont ancrés par terre, et leurs mouvements désarticulent le corps, morcellent les mouvements : le poignet, l’avant-bras, le coude, l’épaule, la tête bougent séparément. La danse classique crée une image aérienne du corps ; la contemporaine donne un cours d’anatomie. Les deux peuvent électriser une salle de théâtre.


La salle était enthousiaste, mais loin d’être pleine – cela se mesurait par la quantité de rouge visible, celui des fauteuils laissés vides par des prudents réagissant à la grande préoccupation actuelle. Nous savons maintenant que, pendant un temps encore indéfini,  La Finale aura été le dernier spectacle à investir la scène du Mail.

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