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Danse

Les belles extravagances du ballet classique

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L'art du ballet classique

Pour sa tournée actuelle en France, le Yacobson Ballet présente la version intégrale de Casse-Noisette dans plusieurs villes, et dans les autres, dont Soissons, un Gala Tchaïkovski, composé d’extraits de trois grands ballets russes pour lesquels Tchaïkovski a composé la musique.

Le prince rencontre la reine des cygnes, dans l’acte II du Lac des Cygnes (Svetlana Svinko et Denis Klimuk).

Le désavantage de cette option est que les ballets classiques ont besoin de durée et d’espace pour captiver le public. Il faut du temps pour dépasser leurs outrances, leur absurdité même, pour se laisser ensorceler par la danse, le gestuel, les couleurs, les costumes, les décors, et pour pouvoir réfléchir à leurs sens profonds, aux questions qu’ils soulèvent. Quel manque pousse le Prince du Lac des Cygnes à tomber amoureux d’une femme-cygne, puis à lui être immédiatement infidèle avec une autre femme, qui ne ressemble à la première que par son maquillage ? D’où sourd le duel entre la méchante Catalabutte et la bonne fée Lilas, qui finit par un compromis, dans La Belle au bois dormant ?

Le gala présenté au Mail montre, en abrégé, la rencontre entre le Prince et la reine des Cygnes ; l’anniversaire de la princesse Aurore courtisée par quatre princes et qui finit par se couper et réaliser ainsi le mauvais sort jeté sur elle à son baptême ; et la grande fête donnée pour célébrer la transformation d’un casse-noisette en Prince (encore un !).

Les compagnies de ballet sont comme des équipes de foot : plus elles sont prestigieuses et gagnent de l’argent, plus elles peuvent recruter des stars, des champions qui ont non seulement les capacités physiques mais la sensibilité qui les traduira en performance enchantée. En ce sens, le Yacobson Ballet est en deuxième Division.

Le corps de ballet est excellent, gracieux et plus que cela, avec une belle cohésion et une belle cohérence ; a chaque apparition il illumine la scène.

Le corps de ballet danse la valse de Casse-Noisette.

Les solistes sont de bons danseurs, qui font face aux exigences corporelles de la danse classique, dont la nécessité de cacher l’effort fourni, c’est le propre du classique. Ce qui paraît leur manquer est une qualité incisive, une façon de couper l’air en dansant, une aisance qui ferait penser que ce qu’ils font n’est qu’une fraction de ce qu’ils pourraient faire. Il faut du charisme pour éblouir (pour éblouir les spectateurs difficiles, car il y avait des ébloui(e)s dans la salle : combien de fillettes, dont celles qui dansaient à l’entracte à l’entresol, y ont vu la réalisation possible d’un rêve ?).

Quel monde grandiose que le ballet classique, auquel il est difficile de résister (et pourquoi résister ?). Tchaïkovski savait refléter ces extravagances, et la combinaison de la chorégraphie et de sa musique est irrésistible pour ceux qui l’aiment. A la fin du gala, devant le souffle énorme de la musique de Casse-Noisette, l’énergie des danseurs, les couleurs et les lumières, comment ne pas être emporté par la magie de ces énormes contes de fée ?


L’enregistrement de la partition avait trop servi, comme un vieux 33-tours usé sur le tourne-disque. Mais il a permis d’entendre le petit miracle de l’Adagio du Grand Pas de Deux de Casse-Noisette, pour lequel le compositeur avait relevé une gageure : utiliser les huit notes d’une octave dans l’ordre. Le résultat garantit la pâmoison.

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