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Musique

Arno : le chamanisme du rock

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L'art du rock

Pour le chanteur Arno,

Tomber amoureux c’est comme un mal de tête
Ça vient et ça passe c’est ça qu’elle m’a dit
Il faut soigner les pauvres et les moches aussi
C’est ça qu’elle m’a dit une fois dans un lit.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAL’actualité invite à mettre face à face Arno et Leonard Cohen. Tous les deux ont une voix caverneuse : celle d’Arno est éraillée, celle de Cohen n’émerge qu’avec précaution des profondeurs. Ni l’un ni l’autre prône la gaieté des sentiments. Mais le lyrisme de Cohen recouvre des abîmes de tristesse, alors qu’Arno reste un observateur désabusé. « Touch her perfect body with your mind » dit le juif américain ; « Quelqu’un a touché ma femme » dit le Belge flamand.

Ceux qui aiment les chansons d’Arno sont venus au concert qu’il a donné au Mail avec ses quatre musiciens. Il importe de voir la musique, non pas seulement l’entendre. Voilà, en chair et en os, la personne qui chante sur les CD ou à la radio ou sur Deezer.

Sur scène, Arno fait tout pour éviter d’épater. La tête rentrée dans les épaules, il se déplace comme s’il était sur le pont d’un bateau. Ses mouvements semblent être faits au hasard de ce qu’il chante. Un seul mouvement incisif : le balancement du micro sur son pied, d’une main à l’autre, un geste de jongleur.

Ce refus d’emphase n’empêche pas qu’il ait du charisme, que le spectateur ne puisse pas le quitter des yeux. Entre les chansons il marmonne parfois un commentaire. Les nouveaux fauteuils de la salle ne lui ont pas échappé : « Rouges ? Les Soissonnais sont socialistes ? »

Il chante des morceaux de son nouvel album « Human incognito ». Bien sûr, l’amplification poussée de l’accompagnement sur deux guitares, un clavier et la batterie transforme les paroles en élément noyé dans l’ensemble. La fonction primaire d’un concert rock, après tout, n’est pas de faire entendre les chansons avec clarté, mais de passer au niveau d’une puissance rythmique et sonore qui englobera les spectateurs dans une cérémonie. Le rock fait passer l’énergie de la scène à la salle. Les spectateurs deviennent participants, plutôt que de se limiter à regarder et à écouter. Le soliste devient une sorte de chaman, présidant à un échange d’énergie, une médiation entre le pouvoir que dégage la musique ainsi intensifiée, et la capacité des auditeurs-acteurs à le recevoir et l’intégrer.

denis.mahaffey@levase.fr

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