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Musique

Clore avec Mozart

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L'art du toucher

Elisabeth Leonskaja avec l’Orchestre philharmonique de Radio France à la CMD

Qu’est-ce a attiré les organisateurs du Festival de Laon 2015 au point de délocaliser deux concerts – dont celui-ci, qui en marque la clôture – à la Cité de la musique et de la danse de Soissons ? Sa qualité architecturale, son acoustique, son confort, ou simplement sa nouveauté ? Jean-Michel Verneiges, directeur de l’Adama qui assure la direction artistique du festival, y voit plutôt une preuve de la collaboration grandissante entre les deux villes, à part des considérations pratiques. « Et autrement ce concert aurait été dans la cathédrale de Laon ; imaginez cela par ce temps ! » Sera-ce un jour le Festival de Laon-Soissons ?

C’était le même Steinway que jouait Kit Amstrong trois jours plus tôt. Mais on aurait pu croire que l’instrument avait été changé, telle était la différence entre les sons produits. Certes, le répertoire n’était pas le même ; mais ne pouvait-on pas sentir une fraîcheur et une franchise dans le jeu de Kit Armstrong (qui a vingt-trois ans), alors qu’Elisabeth Leonskaja, ayant une telle expérience de la musique et de la vie (elle a soixante-dix ans) qu’elle serait arrivée à l’essentiel, n’ayant plus rien à faire d’effets, d’emphase ? Son toucher est à la fois doux et ferme, et surtout ne va jamais plus loin que les notes qu’elle joue. A-t-elle tout compris ?

Elle a joué d’abord avec quatre instrumentistes à vent, puis avec quatre à cordes. Le Quintette en Mi bémol K 452 montre l’exubérance de Mozart, enchaînant mélodies et interventions, des formes qui ont quelque chose d’enfantin, mais dont il fait un ensemble très construit. Le Quatuor en sol mineur K478 qui a suivi est plus élégiaque, ramenant les profondeurs de l’expérience humaine à la surface.

La soliste applaudit l’orchestre.

Après l’entracte, Elisabeth Leonskaja a joué et dirigé le Concerto no. 9 dit « Jeunehomme », œuvre de jeunesse longtemps moins joué que les « grands » concertos. Le dernier mouvement est presque un solo pour le piano, l’orchestre n’intervenant que par intermittence.

Seul commentaire à faire quand c’était terminé : « Dommage qu’elle soit déjà arrivée à la fin ! »

Sa simplicité légendaire est apparue alors. Elle s’est levée, tournant le dos à la salle, et a applaudi l’orchestre. Puis elle a salué le public avec un sourire pas du tout de circonstance, confirmant le naturel qui lui permet de jouer comme elle le fait. Un grand moment de musique et d’humanité pour terminer le Festival de Laon.

denis.mahaffey@levase.fr

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