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Musique

Debussy en voisin, ou Le concert habillé

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L'art de la musique pour enfants

Chloé van Soeterstede

Le contexte annoncé pour le concert à la Cité de la Musique et de la Danse était dense. Il commémorerait le centenaire, jour pour jour, de la mort de Claude Debussy. Le projet annuel de l’Ensemble Orchestral de la Cité (formé à parité de musiciens de l’orchestre Les Siècles et d’enseignants des Conservatoires et Ecoles de musique départementaux) allait être sous la direction de Chloé van Soeterstede. Valeria Kafelnikov serait soliste à la harpe. Le programme serait présenté par Patrick Poivre d’Arvor, et Julie Depardieu serait narratrice pour une des œuvres.

Patrick Poivre d’Arvor était habillé aussi nonchalamment – et élégamment – que s’il était chez lui, détendant l’ambiance pour ses commentaires le long du programme. Il a raconté l’histoire de Chouchou, la fille adorée du compositeur, pour laquelle « Children’s corner » et « La boîte à joujoux » ont été écrites. Il a rappelé l’origine des deux Danses pour harpe et cordes jouées entre ces deux œuvres. Surtout il a décrit les attaches locales de Debussy, qui rendait régulièrement visite à son ami Arthur Fontaine à Mercin (devenu Mercin-et-Vaux). Il a parlé aussi de Fère-en-Tardenois, de Bucy-le-Long, Villeneuve-sur-Fère. Cela fait toujours plaisir de savoir combien les grands de ce monde ont connu notre petit monde, comme des voisins.

Depuis 2017 Chloé van Soeterstede travaille avec François-Xavier Roth qui dirige Les Siècles. L’entente entre elle et les musiciens de l’Ensemble paraît profonde. C’était sa première apparition à la CMD. Au lieu de s’habiller de façon à ne pas attirer l’attention sur sa féminité, encore rare parmi les chefs d’orchestre, elle portait un vêtement dont émergeaient découverts les bras avec lesquels elle dirigeait.

La harpiste Valeria Kafelnikov, en longue robe noire (les détails vestimentaires continuent), a commencé le concert parmi les autres musiciens, s’est avancée pour son solo, et les a rejoints après.

Enfin, comment était habillée Julie Depardieu ? En veste légère foncée et pantalon à grands carreaux, avec des chaussures conséquentes et les cheveux retenus de chaque côté par un nœud papillon. C’était parfaitement adapté à son rôle de narratrice d’un conte pour enfants, faisant penser au monde des poupées sans être un déguisement.

Elle a fait sa narration pour « La boîte à joujoux » comme si elle la découvrait. Les yeux, le sourire : son animation a établi un contact chaleureux avec les auditeurs. Il fallait rester alerte, car la lecture accompagnée doit être aussi précise que le chant d’opéra.

Julie Depardieu est narratrice de “La boîte à joujoux”

Voilà le contexte et sa mise en œuvre lesquels, évidemment, n’ont fait qu’encadrer la musique que le public était venu entendre. C’est-à-dire découvrir ou redécouvrir le monde sonore que Debussy a été le premier à entendre et à traduire en partition.

Les deux œuvres plus longues sont écrites pour les enfants. Elles sont faciles à écouter, mais aussi complexes et subtiles. Même « Golliwog’s cakewalk », qui clôt « Children’s corner » et qui paraît annoncer un rythme sautillant et soutenu, part aussi dans quelque chose de plus mystérieux.

Enfin, ceux qui aiment le son d’une harpe, généralement discret au milieu de l’orchestre, auront apprécié les Danses pour harpe, car l’instrument en est la star, et les autres se mettent au second plan. C’est un peu comme si, d’habitude, on ne recevait qu’une moitié de carreau de chocolat, alors que Valeria Kafelnikov offrait la tablette tout entière. C’était enchanteur.

denis.mahaffey@levase.fr

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