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L'art de la musique baroque

Le chef d’orchestre salue le premier violon à l’issue du concert.

Concert de l’Orchestre français des jeunes Baroque à la CMD   

Le problème pour un critique quand il aime un spectacle, une exposition, un concert, est d’éviter un vocabulaire galvaudé dans la presse locale, où le public est si souvent « enchanté », « ravi », même « aux anges ».

Andreea Soare (à g.) et Eva Zaïcik.

Andreea Soare (à g.) et Eva Zaïcik.

Exemple : un compte rendu que j’avais fait dans un quotidien d’un spectacle de danse associant le flamenco et le tango, dont la sensualité était appuyée jusqu’à la caricature, a été titré « Un spectacle qui a embrasé la salle du X ». Ce titre remplaçait le mien : « La danse des hormones ».

Alors je choisis mes mots : le concert donné dimanche l’après-midi par l’Orchestre français des jeunes Baroque a été exquis. Au tricentenaire de la mort de Louis XIV, il illustrait l’influence des compositeurs italiens, de Cavalli à Lully, à la cour de France. Le fil conducteur était un texte du musicologue Jean-François Lattarico, lu par le comédien François Marthouret, dans lequel le Roi raconte son amour de cette musique, choisie pour son mariage, pour ses funérailles.

Le programme, sous la direction de Leonardo Garcia Alarcón, était joué sans interruption (ce qui dispensait les obsessionnels de regarder constamment le programme papier). Les pièces se succédaient, divers mais reflétant tous le côté publique, cérémonieux du baroque (auquel allait succéder le lyrisme personnel de la période classique, celle de Mozart). C’était un spectacle élégant et gracieux ; même les déplacements des différents solistes parmi les membres de l’ensemble, et les entrées et sorties des deux cantatrices, la mezzo-soprano Eva Zaïcik et la soprano roumaine Andreea Soare, formaient une sort de chorégraphie. Les instruments, les voix étaient précis, riches, … exquis.

Rachel Heymans, hautboïste, est belge et étudie en Suisse : l'Ofj ouvre ses portes.

Rachel Heymans, hautboïste, est belge et étudie en Suisse : l’Ofj ouvre ses portes.

Même l’éclairage contribuait à l’ambiance : chaque fois que les lumières baissaient, elles se rallumaient d’abord sur les pupitres des musiciens, comme s’ils étaient éclairés par des chandelles.

Il y avait eu deux préludes au concert. Selon Hélène Vintraud, responsable de la CMD, un atelier de danse baroque la veille « s’était bien passé, avec un dizaine de participants. Il était question pour eux de faire un « lever de rideau » avant le concert, mais ils avaient juste commencé à apprendre ces danses. »

Le dimanche matin les membres de l’orchestre, en maillot « Ofj », ont présenté les différents instruments baroques, en jouant des extraits et identifiant des danses, telles la chaconne, le rigodon. Les explications ont été réparties parmi les jeunes instrumentistes eux-mêmes.

Surcharge d’événements, publicité défaillante, manque d’intérêt ? Une petite dizaine d’auditeurs seulement étaient dans la salle. Leonardo Garcia Alarcón en a pourtant tiré une belle leçon pour ses musiciens. « Je vous remercie beaucoup » a-t-il dit au public. « Vous n’êtes pas nombreux, mais les musiciens apprennent ainsi que l’exigence de qualité est la même que devant une salle bondée. »

denis.mahaffey@levase.fr

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