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Musique

Grand Corps Malade au Mail

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L'art du slam

Le premier et énorme atout de Grand Corps Malade est sa présence sur scène, d’autant plus puissante qu’elle ne correspond à aucun des critères habituels par lesquels une telle réussite est mesurée, c’est-à-dire corps de rêve, visage formaté, mouvements lestes, contact emphatique avec le public.

Son nom de scène « Grand Corps Malade », aux consonances Sioux (c’est Fabien Marsaud lui-même qui explique ainsi son choix), explique l’absence de plusieurs de ces critères. Il entre sur scène à l’aide d’une béquille, et il se déplace, s’assied avec précaution. Il a le long corps dégingandé du basketteur qu’il voulait être jusqu’à un accident de piscine à vingt ans, mais raidi, déséquilibré. Il est beau, mais avec une discrétion qu’il faut pénétrer pour s’en rendre compte. Son sourire est lent et chaleureux, mais sans l’éclat automatique de tant d’artistes. Sa voix est douce, dans un registre baryton.

L’effet de tous ces inattendus est saisissant, et sert d’aimant pour tous les regards.

Parfois ses remarques entre les numéros se muent en slam, et nous voilà partis pour un voyage. Parfois il chante, et très bien, mais presque toujours il parle sur un accompagnement musical.

Ses sujets peuvent être romantiques, ou humoristiques, ou même satiriques, comme son ode au « grand Patrick » et ses manigances, en indiquant seulement que ce parangon de la grandeur habite… Levallois. (Le sujet a répondu dans la presse en rappelant le montant du cachet de GCM pour un concert dans la commune, réaction qui, par son élégance et pertinence, ne surprendra pas.)

Les textes sont plaisants à écouter : sensés, sensibles, intelligents, offrant le plaisir presque enfantin des rimes, couplet par couplet comme une pendule qui fait tic-tac. Il n’y a pas d’envolées lyriques, de sauts d’imagination, ce n’est pas le genre.

Revenons sur sa présence physique. Grand Corps Malade est sympathique, mais surtout il a le courage de laisser voir le combat quotidien qu’il mène. Etre regardé sans se cacher, c’est la meilleure façon de toucher quelque chose chez chaque spectateur.

denis.mahaffey@levase.fr

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