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Musique

La clarinette de Mozart au klezmer

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L'art de la clarinette

Le concert de l’Orchestre de Picardie à la CMD a commencé par l’ouverture de Médée de Cherubini, mise en bouche animée mais neutre pour ce qui allait suivre.

La neutralité a disparu avec l’interprétation du Concerto pour clarinette de Mozart, avec en soliste David Krakauer (dont un fils avait dit à sa mère, en apprenant qu’elle n’entendait pas assister au concert, « Mais c’est le plus grand clarinettiste du monde ! » ; se mettant aussitôt sur la liste d’attente, elle a quand même pu entrer).

Ce musicien joue autant la musique classique que le jazz. Ici, il a paru – certes avec l’aide du compositeur – combiner les deux. Comme le trompettiste Eric Le Lann jouant peu de temps avant dans la même salle, Krakauer fait de son jeu une broderie géniale sur le thème principal, le modulant pour ouvrir d’autres perspectives, communiquer d’autres idées, élaborer d’autres approches.

David Krakauer, “le plus grand clarinettiste du monde !”

Le deuxième mouvement, si connu, prend un éclairage intense avec Krakauer, devient un chant poignant, un rappel de ce qui dépasse l’ordinaire de la vie. (Les cinéphiles ont pu entrevoir l’image du gramophone sur la terrasse de ferme dans Out of Africa et le son si naturel, si étranger dans son contexte africain.)

Après l’entracte l’orchestre, groupé en une seule grande courbe devant le chef d’orchestre Jean-François Heisser, a joué Last round du compositeur argentino-israélien Golijov. Nous étions entrés dans le domaine du klezmer, musique juive sauvée des destructions de l’Europe centrale.

David Krakauer est revenu sur le plateau, devant les cordistes, qui sont restés immobiles sans toucher à leurs instruments quand il a joué sa propre composition Synagogue Wail, cri autant de vitalité que de lamentation – et d’une virtuosité technique prodigieuse.

Un solo donc – sauf que pendant les dernières mesures les musiciens ont commencé discrètement à bouger, à reprendre leurs instruments. Le solo finit et, plus vite qu’un mouvement suit un autre dans une symphonie, soliste et orchestre se sont lancés dans la célèbre danse klezmer Der heyser Bulgar (« Le chaud Bulgare »). Le contraste était électrifiant.

Le concert s’est conclu par les Danses de Galánta du Hongrois Zoltán Kodaly, composition d’influence tzigane, venue d’un autre cercle des musiques traditionnelles d’Europe centrale.

denis.mahaffey@levase.fr

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