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Musique

L’après-midi d’un chroniqueur

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L'art du piano

Jacques Mathis joue.

Trois vallées, trois rivières à traverser, la Crise, la Vesle, et l’Aisne, pour aller de Chacrise au Sud-Est de Soissons à Vailly-sur Aisne au Nord-Est, sous le soleil frais du printemps, qui s’étire, s’éveille, se fait remarquer. C’est le dimanche après-midi, jour où un chroniqueur peut sortir pour aller entendre (ré-entendre) le concertiste d’origine polonaise Jacques Mathis donner un récital de piano dans la Salle Culturelle de Vailly.

L’ambiance est informelle. Le pianiste attend le public, échange des commentaires sur la salle, le piano sur lequel il jouera (un Schimmel allemand à demi-queue), les pianos, admet son admiration pour Beethoven. Ayant laissé un peu de temps pour les retardataires, Jacques Mathis s’assied, joue un mouvement de sonate et une autre sonate intégrale de Haydn, puis deux brèves œuvres de Beethoven.

Jacques Mathis assis au piano Schimmel.

Il annonce le dernier morceau, se rassoit, détendu mais avec l’air de savoir qu’il s’engage dans une interprétation qui est chaque fois un défi.

Il jouera la sonate Appassionata de Beethoven. Du coup, ce petit récital de dimanche après-midi dans une petite ville du Soissonnais met le public en présence d’un des sommets de la musique Romantique, un monument de la civilisation, une exploration redoutable de la nature humaine, ses passions, ses troubles, ses moments de sérénité, ses changements d’humeur, ses retournements soudains, ses développements inattendus et, en fin de compte, son acceptation de toute la turbulence de la vie. C’est une musique qui interpelle l’auditeur, l’oblige – ou au moins l’incite – à accepter la profondeur de ses propres émotions, ses propres questionnements.

Il faut rendre hommage au musicien qui transmet cette musique au public. La partition exige une technicité redoutable et une grande endurance. Ces exigences s’imaginent en écoutant un enregistrement de l’Appassionata ; elles se confirment devant les yeux quand Jacques Mathis la joue en direct.

Il se lève à la fin, reçoit les applaudissements, remercie ceux qui sont venus l’écouter. Il répond à un spectateur qui suggère que « ce n’est pas fini » que « rien ne peut suivre l’Appassionata ». Certes, jouer cette sonate doit être épuisant, mais n’entend-il pas qu’une telle déclaration musicale pourra continuer à résonner dans la sensibilité de chacun ? Il est temps pour le chroniqueur de reprendre la route du retour qui traversera trois vallées et trois rivières.

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