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Musique

L’autre Angleterre à la CMD

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L'art de la musique anglaise

Il restait quelques places inoccupées dans le grand auditorium de la CMD pour le dernier concert de la saison, mais le plateau était plein. Les cuivres au fond, les contrebassistes côté cour et les harpistes côté jardin avaient le dos au mur. La Jeune Symphonie de l’Aisne (nouveau nom depuis 2016 de la « Symphonie des Siècles ») compte plus de cent musiciens, des élèves de conservatoires et d’écoles de musique du Département, avec ceux des membres de l’orchestre Les Siècles qui ont animé les stages de préparation des œuvres à jouer.

Au programme figuraient deux compositeurs anglais, Edward Elgar et Gustav Holst. A un moment ou les anglophiles peuvent avoir mal à la tête, à voir ce pays dont ils appréciaient les valeurs agir comme un enfant qui passe son puzzle préféré au mixeur dans l’espoir d’en faire un tout nouveau, ils ont pu retrouver dans la musique un reflet des qualités qu’ils prisaient.

Gary Hoffman joue Elgar.

Le violoncelliste canadien Gary Hoffman, déjà venu à la CMD en 2016, a été soliste du concerto pour violoncelle d’Elgar.

A partir des premiers coups d’archet en solo pour un thème qui éveille immédiatement la sensibilité de l’auditeur, les quatre mouvements constituent un voyage dans l’intériorité, exprimée dans une musique belle, sereine, mais qui touche aussi à la douleur intime de la condition humaine.

L’émotion sourd, mais toujours avec retenue, cette réserve attribuée communément aux Anglais, le « phlegme britannique » disait-on par le passé. Cette distance est celle qui permet, comme dans le théâtre de Brecht, de participer pleinement sans perdre son pouvoir d’observation. On est loin des pâmoisons tchaïkovskiennes.

Gary Hoffman était parfaitement accordé à cette méditation, si concentré et à l’aise qu’il pouvait regarder autour de lui pendant les brèves périodes où le violoncelle était silencieux.

Le retour du sublime thème du début pour conclure le dernier mouvement fait penser au vers du poète anglais Eliot sur la nature du temps : « In my beginning is my end. »

 « Les planètes » de Gustav Holst ont suivi sans entracte. L’intériorité d’Elgar y est remplacée par une évocation de la nature astrologique des planètes du système solaire (*). Les jeunes musiciens y ont fait face avec aplomb et perspicacité.

Au premier mouvement dévoilant « Mars », dieu de la guerre, l’orchestre a joué à un fortissimo pas encore entendu dans cette salle. Des dissonances reflètent la violence brutale de la guerre, mais Holst laisse entendre aussi que la guerre suscite une exultation guerrière. « Venus » montre l’autre face, la paix, la sérénité chantante qui succède à la guerre. « Mercure » rappelle qu’un nom pour le mercure est « vif-argent », « Saturne » traduit les inquiétudes, la sérénité et le mystère de la vieillesse. Dans « Uranus » le magicien danse comme l’apprenti sorcier de Dukas.L’ordre habituel a été changé, pour finir par « Jupiter », chant radieux dont le thème central s’envole comme un hymne qui ne serait pas national mais qui célébrerait le sentiment d’appartenance à l’humanité tout entière.

(*) « Neptune » a été exclu, sans doute parce qu’il fait intervenir un chœur de femmes. Par ailleurs, la planète Terre ne figure pas dans l’œuvre, peut-être parce qu’elle n’a pas de sens astrologique.

denis.mahaffey@levase.fr

0  Comme chaque année le chef d’orchestre François-Xavier Roth a pris la parole pour rappeler l’importance de cette initiative, combien l’Aisne est privilégié d’avoir une vie musicale dynamique, et d’attacher de l’importance à l’élargissement et la transmission de la pratique musicale. « Nous avons la chance de disposer de cette magnifique salle. Sans elle, nous n’aurions pas pu jouer ce programme, pour lequel il y a des exigences acoustiques. »

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