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Musique

Stendhal dans un jardin

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L'art de la lecture musicale

Entre été et automne, entre musique et écrit

Il y a des spectacles dont les préliminaires vous conquièrent déjà. Pour Les Envolées Poétiques, il y avait le lieu de la représentation, un jardin secret d’Etat, grand comme un parc et partagé entre grands arbres et gazon, celui de la Sous-Préfecture de Soissons. Quel spectateur aurait deviné son existence, caché par un mur de la rue Saint-Jean, dont il accompagne la montée vers Saint-Jean-des-Vignes ?

Sous le soleil les spectateurs se sont installés sur des transats et des chaises métalliques de jardin public et, pour les enfants, sur une flopée de grands oreillers rouges.

Dans le cadre du Festival des Jardins, la compagnie L’Esprit de la Forge présentait une « lecture musicale », comme l’appelle sa directrice Agnès Renaud. Les Soissonnais se souviennent d’elle comme co-directrice et comédienne pendant la première résidence de la compagnie de l’Arcade au Mail de 2009 à 2012

La violoncelliste Annabelle Luis arrive, s’assied et commence à jouer. Derrière le public David Plantier joue du violon, et la rejoint. Le duo Tartini, qui s’attache à la musique baroque italienne, est là. Cette entrée en scène et en musique est simple et séduisante.

Une voix de femme s’entend plus loin derrière, puis elle passe parmi les spectateurs et s’arrête devant les musiciens pour terminer la lecture du premier d’une série de textes de Stendhal. C’est Agnès Renaud elle-même.

De longs passages musicaux alternent avec des temps de lecture. Ce sont des extraits de Voyage en Italie de Stendhal, surtout sur ses promenades à Florence, et de sa correspondance avec sa sœur Pauline et son ami Edouard Mounier.

Agnès Renaud

Interrogée plus tard, Agnès Renaud explique sa décision d’élargir son choix d’écrits de Stendhal. « La correspondance de Stendhal est pleine d’humour, beaucoup plus directe que l’écriture de son journal. L’idée était de pouvoir mêler ces deux types d’écriture, avec des thèmes en filigrane : les italiens, l’amour des femmes et l’amour des lieux. » Exemple d’humour : l’analyse du comportement prévisible de Mounier envers les femmes qui le séduiront, et du malaise qui, en le rendant complètement désemparé, prouvera qu’il est enfin amoureux.

Agnès Renaud admet avoir inséré trois lignes de Sartre parmi les textes, celles où il parle de « Florence ville fleur et ville femme ».

Tout le long du spectacle, la musique baroque richement ornée a encadré l’écriture concise, sobre du style stendhalien. Il observe et met ses observations en mots, c’est tout.

Envolées poétiques est un spectacle modulable pour trois à sept artistes, faisant appel à l’écrit, à la musique, parfois à des artistes de cirque, toujours sur le thème du voyage. Il est adapté aux besoins des partenaires et en fonction du lieu. Soissons a eu droit à cette nouvelle version particulière, qui a paru convaincre non seulement son premier public mais Agnès Renaud elle-même, qui compte la rejouer sous cette forme.

Reconnaissons le rôle du jardin du Sous-Préfet dans le charme de l’événement, et du temps, hésitant entre la fin de l’été et le début de l’automne, et que Stendhal aurait si parfaitement défini.

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