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Musique

Un concert de musique abstraite

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L'art de la musique moderne

Lorsqu’un tableau ne contient rien de reconnaissable, ni personnes, ni paysage, ni objets, mais est composé de couleurs, traits et formes qui ne représentent qu’eux-mêmes et la structure qui dicte leur relation les uns avec les autres, on parle de peinture « abstraite ». De la même façon, une musique qui ne présente pas les aspects mélodiques et harmoniques « classiques » pourrait être considérée comme abstraite. Dans un cas l’œil, dans l’autre l’oreille, doivent renoncer à chercher le familier, et passent en mode explorateur, en état de veille musicale.

Huit élèves du Conservatoire de Paris à la CMD ont donné une occasion singulière de voir jouer trois de ces œuvres « abstraites ». Elles intriguent, éveillent, par moments ennuient, mais surtout elles bousculent les habitudes, ouvrent de nouvelles perspectives d’écoute.

Même les configurations instrumentales déroutent. Bartók a orchestré sa Sonate de 1937 pour deux pianos et percussion, en un échange résolument moderne innovateur entre les claviers et les instruments de percussion.

Stravinsky – le premier accord de son Concerto pour deux pianos solos identifie le compositeur – utilise les chacun des claviers tour à tour pour jouer le solo, puis pour l’accompagnement orchestral de l’autre.

Après ces deux pièces en introduction, Bruno Mantovani a dirigé « Sur Incises » de Pierre Boulez, refonte d’un morceau pour piano intitulé « Incises » – d’où le titre. Le plateau a pris une allure extraordinaire, avec trois pianos et trois harpes devant une parterre d’instruments de percussion de toutes sortes, jusqu’aux « tin drums » faits de bidons.

L’œuvre, qui dure quarante minutes, est à la fois d’une grande complexité (le chef battait la mesure, mais donnait parfois des indications chiffrées en levant un ou plusieurs doigts), et facile à écouter. Elle a été jouée en hommage Boulez, mort cette année, ce qui lui a donné un impact particulier.

Les neuf jeunes musiciens se sont montrés brillants, maîtrisant parfaitement ces partitions au point de faire sentir leurs profondeurs, les rendre accessibles.

Une soirée de musique abstraite alors, un privilège pour les auditeurs soissonnais. Dire que le quartier de Saint-Jean-des-Vignes aurait pu devenir une sorte de « Mont des Arts » comme à Bruxelles, si l’Arsenal de l’autre côté avait pu poursuivre sa longue vocation de lieu d’exposition d’art contemporain, si souvent abstrait.

denis.mahaffey@levase.fr

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