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Retour des visiteurs de l’été dernier

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L'art des retrouvailles

Monique et François Morasso avec Oscar.

Monique et François Morasso avec Oscar.

Il y a dix ans, j’ai créé une rubrique estivale dans un journal quotidien. « Visiteurs de l’été » entendait présenter des touristes étrangers passant dans le Soissonnais sous forme de récit d’une rencontre. Plus qu’un entretien, un échange.

Le jeu des langues

Plus de soixante-dix rencontres plus tard, l’expérience s’est terminée. Suédois, Sud-africains, Américains, Canadiens, Allemands, Néerlandais, Belges, Irlandais, Bangladeshis, même des Français, ils arrivaient par divers moyens de transport : voiture, camping-car, vélo, marche, bateau. Ils se trouvaient sous les arbres du camping municipal ou à celui, immense, de Berny-Rivière, où les plaques d’immatriculation royaume-uniennes prédominent au point de faire croire qu’on a traversé la Manche, si ce n’est qu’on roule à droite. Ou au gîte de Nampteuil-sous-Muret ou de Chacrise (comme ces Danois suivant les pas d’un grand-père, un « malgré lui » dans l’armée allemande qui a envahi Chacrise en mai 1918). Ou ils étaient amarrés au quai de l’Aisne, en vedette, péniche, yacht de croisière, voilier (le mât arrimé pour cette partie fluviale), voguant pendant une semaine, trois mois ou indéfiniment.

Une constante avec tant d’étrangers était le jeu des langues, maternelles, apprises, parlées avec ténacité, gêne ou jouissance, des deux côtés de l’échange. Le sens du non-verbal s’aiguisait.

La conversation tournait autour des vacances, des voyages, des pays d’origine, des atouts de Soissons. Il y avait aussi des confidences. Un cycliste dont les vêtements séchaient sur la clôture du camping a admis être illettré ; une famille américaine faisait une dernière virée européenne avant de rentrer d’une année en Angleterre, où leur fils lourdement handicapé n’avait pas appris à marcher, alors que c’était le but du séjour ; des Jersiais évangéliques allaient prier pour moi en rentrant ; un yachtman anglais se méfiait des médias parce que sa remarque désobligeante, confiée à un journaliste pendant une réception pour la Reine d’Angleterre au club nautique de Floride, avait paru le lendemain dans le journal.

Drapeaux japonais et taïwanais

Avec Christalle, été 2014.

Avec Christalle, été 2014.

La relation de partage, différente d’un entretien classique qui peut créer un déséquilibre entre celui qui pose les questions et celui qui y répond, a fait durer certains contacts. Un poète gallois a envoyé un poème pour une exposition à l’unité des soins palliatifs de Soissons ; un couple anglais m’a rapporté une boîte de thé ; un Irlandais du Nord envoie régulièrement une lettre ouverte. Des cerfs-volistes allaient revenir pour la « Fête du vent » en 2014, annulée au dernier moment. Deux Néerlandais ont voulu mettre la photo prise sur leur péniche sur l’invitation à leurs quarante ans de mariage (qu’ils m’ont ensuite adressée !).

Il n’était donc pas surprenant d’avoir un appel de François et Monique Morasso de Verneuil-sur-Seine, revenus après avoir découvert l’Aisne l’été dernier. Rien n’a changé : leur vedette avec ses drapeaux japonais et taïwanais à l’avant, les amis avec lesquels ils voyagent en convoi, l’amabilité, le café – même, à première vue, le chien de bord. Mais Christalle étant morte, ils ont pris « Oscar ». « C’était son nom au refuge, nous l’avons gardé » explique Monique. Je me souviens que leur fille Liu-fuei portait déjà son nom quand ils l’ont adoptée dans un orphelinat taïwanais. Leur façon d’accueillir sans s’imposer n’a pas changé non plus.

Toutes les rencontres sont disponibles dans C’était dans le journal.

denis.mahaffey@levase.fr

[Titre modifié le 22/07/15 à 23h23]

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