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Théâtre

Amour : la grande affaire (1)

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L'art du théâtre

De g. à dr. Magdalena Malina, David Houri et Alix Riemer.

« Nos serments » au Mail, 18 février.

La petite salle du Mail, version théâtre de la salle des fêtes, se prêtait bien aux intimités échangées dans « Nos serments » (le titre du projet de Julie Duclos avait changé depuis l’impression du programme). Les acteurs jouaient à même le sol juste devant nous, comme si nous passions la soirée dans leur appartement, inaperçus. « C’est parfois presque gênant » dit une spectatrice à l’entracte, frappée par l’intensité de l’expérience.

En suivant la configuration du film « La maman et la putain » de Jean Eustache, deux hommes et trois femmes vivent leur désordre amoureux, leurs amours désordonnés, leurs couples en flux. François (David Houri), impulsif à mériter une bonne claque, mais séduisant, quitte l’excessive Mathilde (Maélia Gentil) pour la maternelle boutiquière Esther (Alix Riemer), puis part en virée avec la licencieuse et polonaise infirmière Oliwia (Magdalena Malina). L’ami faux nonchalant Gilles (Yohan Lopez) regarde, prend part, se retire.

L’amour dicte tout, en tant que désir, jouissance, dépendance, chagrin. Les engagements amoureux réciproques sont au mieux passagers.

Le texte traque ces « divagations amoureuses » (titre d’un spectacle de l’Arcade au Mail en 2011). Il est long mais nécessaire, exhaustif mais pointu. « Nous n’avons rien à nous dire » annonce Esther au penaud François. « Nous pouvons quand-même nous parler » proteste-il. Elle est inflexible : « Du fait que nous n’avons rien à nous dire ? »

La proximité entre scène et salle a mis le jeu des acteurs sous une loupe. Une année de préparation et d’improvisation a assuré leur justesse. Les deux comédiens dépassaient même l’« interprétation », semblant aller chercher leur personnage dans leurs propres sensations. Yohan Lopez surtout a tracé un portrait parfait du non-engagement indécis. Dans une vidéo projetée derrière le plateau, Gilles travaille en silence, et longuement, lentement, tombe amoureux d’Esther. Le moment le plus poignant de la pièce est son retrait, à l’annonce du retour de François, qu’il a un temps remplacé auprès d’elle : « Alors je m’en vais. »

denis.mahaffey@levase.fr

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