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Théâtre

Blanche-neige et la madeleine de Proust

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L'art de détourner un conte de fées

Sautons, gambadons....en musique

Sautons, gambadons….en musique

Légère panique sur scène avant la seconde séance de la journée de « Blanche-neige et moi » dans la petite salle du Mail : pas de pianiste. Un des cinq comédiens va jusqu’à faire appel à une spectatrice pour jouer. En vain. Tout juste à temps Simon Legendre arrive, enlève son cache-nez, met sa cravate rouge de scène, s’assied au piano. Le spectacle peut démarrer.

L’incident s’accorde au charme un peu désordonné de cette troupe de jeunes qui ont créé leur version du conte, avec un plein d’énergie et d’idées mais avec des moyens restreints.

Dans le film « Babes in Arms » de 1939, Mickey Rooney et Judy Garland, au milieu d’un groupe de jeunes comédiens cherchant un théâtre, s’exclament, dans une réplique devenue célèbre, « On va monter le spectacle ici même !! » (« ici » étant un vieux bâtiment délabré). Et c’est un triomphe.

Evidemment, Hollywood exige une qualité impeccablement léchée pour ce résultat, alors que « Blanche-neige » garde sa spontanéité, son explosion d’énergie créatrice, son fourre-tout de trouvailles.

Il est facile d’imaginer le long remue-méninges derrière le spectacle, les idées qui ont dû se bousculer sous l’oeil des coauteurs Cindy Féroc (Blanche-neige sur scène) et Sophie Kaufman (la Reine sur scène). Allez, si un seul homme, le plus grand disponible de surcroît (Alexis Mahi), jouait tous les sept nains ? D’ailleurs, au lieu de retourner à la pureté moyenâgeuse des origines, s’il reproduisait les tics des personnages de Disney, en vaticinant comme Prof, en éternuant, en s’endormant soudain ?

Sophie Kaufman, Seb Valter - et Cindy Feroc sur tablette

Sophie Kaufman, Seb Valter – et Cindy Feroc sur tablette

Blanche-neige sort une fournée de gâteaux et en propose à Monsieur Kazar (Régis Olivier), qui remplace plusieurs personnages dans l’histoire. Il se sert dans le sachet étiqueté « Bonne maman », mord dans une madeleine… et est transporté vers les tréfonds de sa jeunesse. Proust n’a qu’à bien se tenir ! La méchante Reine s’admire non pas dans un miroir, mais sur une tablette, qui présente inexorablement le visage de Blanche-neige. Benoît Valliccioni joue avec autant d’élan le garde-chasse que le prince, délicieusement gêné de donner le baiser de réveil à sa future princesse devant les autres.

Chaque fois qu’un calme risque de s’installer, allez hop, gambadons autour de la scène en musique (composée par Sébastien Ménard et Seb Valter), interpellons les jeunes dans le public.

Tous les acteurs disposent de l’énergie nécessaire pour porter ce spectacle dont l’inconséquence apparente cache un vrai travail de théâtre. Parmi eux, Alexis Mahi a le don de ne pas s’enterrer dans son rôle multiple, mais de se laisser transparaître constamment lui-même, comme un cadeau pour les spectateurs.

denis.mahaffey@levase.com

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