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Théâtre

Cancer du sein : un voyage initiatique

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L'art du théâtre-réalité

Le corps, le regard, le sourire : quand elle entre en scène au Mail tout chez Noémie Caillaut respire une légèreté et une grâce et une bonne humeur qui devraient garantir qu’elle n’aura que de jolies choses à dire dans « Maligne ».

Noémie Caillaut sur scène

Noémie Caillaut sur scène

En réalité elle raconte la découverte chez elle à vingt-sept ans d’un cancer du sein, tout le processus du traitement, l’attitude peu compréhensive du corps médical, ses peurs, ses espoirs, ses désespoirs.

Elle ne perd jamais sa légèreté, mais – et c’est la force du spectacle – d’un comportement naturel cette légèreté devient une défense contre son environnement. Aux remarques désobligeantes elle répond, après un moment de désarroi, en assumant un grand sourire, en répondant gaiement. Ainsi peu à peu la légèreté s’alourdit, devient gênante.

Elle dialogue avec des voix désincarnées, c’est-à-dire enregistrées par d’autres acteurs. Sa mère, avec les meilleures intentions du monde, montre une maladresse colossale : « T’as un beau crâne, les oreilles bien collés, t’es belle ma fille. »

Changement de nuance à nouveau vers la fin, quand elle « s’en sort » : le ton léger se mue, laissant voir une gravité, comme une ressource qu’elle n’aurait pas cru posséder. Il devient clair que cette expérience a été pour elle, sur scène comme dans la vie*, un voyage initiatique.

La profusion de dépliants, affiches et rubans roses au rez-de-chaussée, et la présence de représentants médicaux et associatifs, montraient le contexte. « Maligne » a été programmée pour coïncider avec la « Semaine octobre rose », campagne annuelle pour la prévention du cancer du sein par le dépistage précoce, d’où le public majoritairement – mais loin d’être exclusivement – féminine. La pièce aura renforcé le message avec éloquence ; sans le contexte la pièce aurait eu une fonction moins illustrative, plus purement théâtrale.

* Noémie Caillaut a vécu cette expérience, en a tiré ce spectacle, est en rémission.

denis.mahaffey@levase.fr

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