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Théâtre

Histoire d’une collision

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L'art du théâtre

« La mienne s’appelait Régine », au Petit bouffon

La Piéta perverse.

La Piéta perverse.

Evacuons d’abord une question éthique : peut-on être à la fois critique d’un spectacle et ami de deux des comédiens ? En effet, Martine Besset et Jacques Delorme, membres de « L’art et la manière », nouvelle compagnie productrice de « La mienne s’appelait Régine » de Pierre Rey, sont de vieilles connaissances, et plus. Tous les trois nous avons monté « Interrompre le silence », lecture de textes, en 2012 et 13.

La réponse ? Oui, à condition d’admettre le lien d’amitié, et s’en dégager autant que possible le temps du spectacle. Après un petit temps passé à s’étonner de les voir si différents d’eux-mêmes en restant pourtant eux-mêmes, l’histoire prend le dessus.

La pièce raconte la collision entre Maman (Martine Besset) et Régine (Murielle Legendre-Vogel), provoquée par Camille (Olivier Gontard), fils de celle-là et petit ami de celle-ci, alors que Papa (Jacques Delorme) fait ce qu’il peut pour ramasser les débris. Laquelle des deux femmes emportera le match et Camille ? Nous y assistons round par round, alors que les personnages se densifient.

La mère insupportable souffre de devoir jouer les martyres et les impératrices pour arriver à ses fins, le père se sait pauvre bougre condamné à suivre les caprices de sa femme, pour ne pas perdre sa raison d’être, le fils joue son destin d’homme libre, la jeune femme, réduite au silence par le vacarme familial, garde en dernière analyse son sens des réalités.

Les acteurs et le metteur en scène Jean-Marie Debia sont amateurs, mais leur investissement – ils y travaillent depuis un an – assure une exactitude de parole, de geste et de mouvement, alors qu’ils conduisent ce poids lourd affectif jusqu’à sa destination. Leur statut d’amateurs leur vaut même l’active bienveillance du public.

Une image persiste sur les rétines : une Piéta perverse, le visage de la Madone non pas empreint de la douleur cosmique de la mort de Dieu, mais rayonnant du bonheur d’avoir sauvé son Fils de la Crucifixion – lequel se permet de sucer son pouce, bébé Rédempteur.

« La mienne s’appela Régine » sera donné au théâtre Saint-Médard le 28 mars à 20h30.

denis.mahaffey@levase.fr

 

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