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Théâtre

Le pont de tous les dangers

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L'art du théâtre local

L'arbre fendu

L’arbre fendu

Il y a quelque chose de déroutant à entrer dans une salle de théâtre lors des préparatifs d’un nouveau spectacle, quand les acteurs et l’équipe installent et se familiarisent avec la scénographie (le « décor », disait-on dans le temps). Le plateau, au lieu d’être un espace sous des projecteurs, où des acteurs incarnent leur personnage devant le public, est dans la pénombre, encombré de boîtes à outils, et les acteurs se parlent à voix basse, esquissent des mouvements, lancent quelques phrases de la pièce. De la salle vide le metteur en scène donne ses consignes et conseils.

La compagnie Nomades, fondée en 1999 par Jean-Bernard Philippot et Jean-Louis Wacquiez, a été choisie parmi les compagnies professionnelles locales candidates pour une « résidence de création » au Mail. La première de sa production de « L’appel du pont » de Nathalie Papin y aura lieu en mai.

Le Mail met ses ressources à la disposition de la compagnie. Administration, équipe technique, même une chorégraphe. « C’est extraordinaire pour une petite compagnie comme la nôtre » déclare Jean-Bernard Philippot, metteur en scène, scénographe et ingénieur du son du spectacle.

La compagnie est au Mail pour la seconde des trois périodes de préparation. En janvier, elle a pris connaissance des lieux et des ressources mises à sa disposition ; à présent le dispositif scénique est au centre des préoccupations ; en mai elle répétera. « Entretemps nous travaillons à Vailly, où nous sommes en résidence à l’année » explique Jean-Bernard.

Delphine Magdalena, Jean-Louis Wacquiez et Eva Ray en recherche avec Jean-Bernard Philippot.

Delphine Magdalena, Jean-Louis Wacquiez et Eva Ray en recherche avec Jean-Bernard Philippot.

Habituellement, la scénographie contribue à l’atmosphère et aux émotions d’un spectacle, mais ne le crée pas elle-même. Ici, elle est émouvante. Un arbre géant mort occupe tout le centre de la scène. Le tronc, construit avec des planches, est fissuré au milieu, symbole de la guerre qui sépare deux communautés en camps ennemis. L’arbre exprime la souffrance de la nature innocente ; et pourtant de chaque côté, à hauteur d’homme, une longue branche est fourchue au bout, comme une main qui accueille, cherche, s’offre à chacun des deux côtés.

Le pont du titre sépare et réunit les deux camps. Il offre un passage, mais mortel : seul un chat le traverse et retraverse. Deux adolescentes amoureuses l’une de l’autre – « Dans le texte il s’agit d’un garçon et d’une fille » admet Jean-Bernard « mais pour donner un exemple de tolérance nous en avons fait deux filles. » – veulent se retrouver, mais savent ce qu’elles risquent. L’« appel » correspond à l’aspiration vers la liberté, la rencontre, l’amour, la réconciliation.

Sur le plateau, acteurs et metteur en scène manipulent une écharpe, pour essayer de représenter le chat. Ce chat symbolise l’émancipation, et restera symbolique. « On est en phase de recherche » rappelle Jean-Bernard Philippot.

denis.mahaffey@levase.fr

« L’appel du pont » par la compagnie Nomades, le 27 mai au Mail.

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