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Théâtre

Mail & Cies (1ère partie)

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L'art du théâtre pour les jeunes

1  Dom Juan (Cie Nomades)   2  Le chat botté (Cie Acaly)   3  Autres contes (Cie Milempart)   4  Tyltyl (Cie Pass à l’acte   5  Sibylle voleuse de sens (Cie Arts et Nuits Blanches)   6  Sorcière Latrouille part en vadrouille   7  Trans-Prévert-Express (Cie Les Muses s’y collent)

Sous le titre lisse de « Mail et Compagnies », les sept compagnies de théâtre professionnelles du Soissonnais présentent chaque année un panorama de leurs spectacles pour jeunes.

Pendant cette période, quand ces compagnies occupent ses salles, le Mail Scène Culturelle a pu être comparé à une ruche, les troupes faisant leur miel à tous les étages. On peut aussi y voir un marché couvert où les différents étals sont chargés de produits succulents pour attirer le jeune public.

Cette année, il y a eu sept pièces et trente-quatre représentations étalées sur deux semaines, pour pouvoir accueillir les très nombreux groupes de scolaires venus les voir.

Il y a des créations, des reprises et de nouvelles adaptations. Une constante est la volonté d’engager les spectateurs, les faire réagir ou même prendre part.

A ses origines, l’événement s’appelait « Semaine de la création théâtrale », mais c’était irréel : Patrick Wessel d’Apremont Musithéa avait expliqué l’impossibilité, même budgétaire, de sortir chaque année un nouveau spectacle à date fixe. Pour Mario Gonzales de Pass à l’Acte, c’était plus simple : « Il faut une création ? Nous en faisons une. » A chacun ses contraintes et ses rythmes.

A présent, chaque compagnie propose un spectacle, soit repris dans son répertoire soit créé pour l’occasion.

Parmi les créations, « Sorcière Latrouille part en vadrouille » de… Apremont Musithéa. Frédérique Bassez-Kamatari est devenue une habituée de cette fête du théâtre annuel, chaque fois dans un spectacle mis en scène par Patrick Wessel. Et chaque fois elle établit un contact étroit avec ses jeunes spectateurs, en créant une sorte d’enchantement sur scène. Elle joue un personnage tour à tour espiègle et terrifiant, mais restant toujours proche du public, qu’elle apostrophe ou cajole, toujours sans la moindre condescendance.

En 2014 elle a fait connaître cette sorcière Latrouille, alors en pleine crise d’adolescence, face à sa mère monstrueuse. Cette fois elle et son camarade Toto sont devenus des papillons. Elle s’en défait, puis fait le tour du monde des magiciens pour trouver la formule qui libérera Toto. La formule ? L’amour, recette un peu convenue –proposée aussi par Maeterlinck dans « Tyltyl » (voir ci-dessous). Anna Wessel joue Toto et tous les sages, chacun en sa langue, exploit linguistique autant que théâtral.

C’était une création devant nos yeux de premiers spectateurs, et évoluera sans doute, selon Frédérique Bassez-Kamatari.

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Nomades avaient déjà joué « Dom Juan » de Molière dans ce cadre, et l’a repris à la demande d’enseignants. La production, créée en 2009 dans une mise en scène de Marc Douillet, a été revue par Jean-Bernard Philippot. Deux acteurs tiennent les rôles principaux, et manipulent des marionnettes et des objets représentant les autres personnages.

Le parti pris de cette adaptation est de souligner la force, le bon sens, l’attitude morale et éthique, le côté terre-à-terre et sermonnant du domestique Sganarelle (joué depuis le depuis la création par Philippe Eretzian), face au vaporeux aristocrate amoral Dom Juan (Jean-Louis Wacquiez). Leur confrontation est souvent physique.

Le décor et les objets font référence à l’artiste Andy Warhol, qui voyait la possibilité actuelle pour chacun d’être célèbre – « pour un quart d’heure ». La gloire et la frivolité de Don Juan passeront, la morale contraignante de Sganarelle aussi.

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Pour la première fois, la « galerie » du Mail est devenue une salle de théâtre. Arts et Nuits Blanches a recouvert les murs de tentures pour créer la forêt de la sorcière « Sibylle, voleuse de sens ». La beauté de Sibylle (Valérie Priester) ayant été transformée en laideur par un sortilège, elle cherche à voler les cinq sens des passants. Un elfe (Ghislaine Ferrer) et un simplet (Sébastien Lalu) l’accompagnent.

La pièce a été adaptée d’une version plus longue, avec davantage de personnages (avec un rôle pour Fernand Mendez, directeur de la compagnie et metteur en scène du spectacle). Les idées et pistes abondent : l’elfe raconte même l’histoire du Flûtiste de Hamelin, mais seulement la première moitié, comme s’il y avait un trop-plein. Un adulte a pu trouver le ton légèrement emphatique, mais le jeune public y a adhéré sans réticence.

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Il y a deux ans, la compagnie du Milempart avait présenté « Conte et des contes », adaptation de fabliaux du Moyen Age racontés par Mélanie Izydorcsak et Laurent Colin dans une mise en scène épurée de Didier Viéville. Ils sont revenus avec une suite, « Autres contes ». Dans un atelier de menuiserie, les acteurs se déplacent selon une chorégraphie précise et élaborée, donnant une distance toute théâtrale aux histoires racontées, et illustrant l’entente profonde entre les comédiens.

Encore une création devant les premiers spectateurs, avec quelques hésitations qui ne rendaient le spectacle que plus attachant, comme si on admirait les premiers pas d’un enfant.

Les trois autres spectacles sont traités dans la suite de cet article.

denis.mahaffey@levase.fr

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