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Théâtre

Une nuit agitée

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L'art du mime

Cécile Roussat et Julien Lubek s'accrochent.

Cécile Roussat et Julien Lubek s’accrochent.

Si, au lieu d’assister à « Les âmes nocturnes » au Mail, un spectateur avait décidé de se coucher tôt, et avait eu les mêmes rêves que l’un ou l’autre du couple sur scène, il en sortirait le matin lessivé, oppressé, frustré. En plus, ceux à qui il raconterait les agissements de sa nuit s’ennuieraient ferme à entendre le récit sans tête ni queue des incidents qui ont pu troubler son sommeil.

Imaginez : « J’ai rêvé qu’au lieu d’être couché dans le lit, elle et moi nous dormions suspendus sur deux porte-manteaux accrochés à une tringle. » Ouais… « Et puis je me suis trouvée soudain enceinte, et il y avait un hublot rond dans mon ventre, je l’ai ouvert et… »

Alors comment expliquer l’accueil ravi du public devant les mêmes sottises se réalisant devant lui ?

D’abord, c’est du théâtre. La distance entre scène et salle jette un autre éclairage sur ce qui s’y passe. Mais avant tout, l’éloquence corporelle des deux mimes Julien Lubek et Cécile Roussat – et faciale, surtout quant à elle – transforment ce tourbillon dépourvu de logique en comédie burlesque et fine à la fois.

Le début avec les porte-manteaux est une belle démonstration d’agilité et d’humour. Le rêveur et la rêveuse pendent dans leurs vêtements, la tête descendue jusqu’à mi-poitrine.

OLYMPUS DIGITAL CAMERALa mise en scène et la scénographie ingénieuse ajoutent à la confusion parfaitement maîtrisée. La femme apparaît sur l’écran d’un gros téléviseur à l’ancien. Image vidéo ? L’illusion est maintenue, puis elle passe la main en dehors. Invraisemblablement, elle est coincée dans le boîtier.

Toujours dans le poste, elle rend hommage au grand Mime Marceau, en mettant des gants blancs pour reproduire ses gestes tout en souplesse qui résistent aux forces extérieures.

La distance parcourue se mesure à la tranquillité avec laquelle les spectateurs regardent le rêveur finir par jouer un piano accroché au mur, alors que lui il est vissé à un tabouret parallèle au sol. Pour quelle raison ? Aucune, c’est la règle. « Les âmes nocturnes » réussit à dérégler les sens jusqu’à faire d’une farce bon enfant un exemple du théâtre de l’absurde.

denis.mahaffey@levase.fr

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