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Portrait

Vivre au théâtre : portrait de Vincent Dussart

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L'art d'un homme de théâtre

Vincent Dussart est directeur artistique de la Compagnie de l’Arcade, qui, s’approchant de la fin d’une résidence de trois ans à Soissons, est déjà appelée à poursuivre son action jusqu’en 2021.

Vincent Dussart est professeur d’art dramatique au Conservatoire.

Vincent Dussart est un homme de théâtre, c’est-à-dire conscient de la valeur de la relation entre le théâtre et la vraie vie. Pourquoi il est devenu acteur ? « Pour exister ! Dans la vraie vie, je n’existais pas ; quand je montais sur scène, j’existais. » Comment réconcilier cette constatation avec la présence assurée de l’homme qui parle de son engagement, entre deux cours de théâtre au collège Saint-Just et au Conservatoire ?

Il est né à Béthune. A un an il part en région parisienne avec ses parents. Il y grandit, fait ses études, mais garde la conscience de ses origines. « Je ne suis pas un gars du Nord, mais enfin toute ma famille y est. »

Après sa scolarité, il suit une formation de comédien au Cours Simon, et passe un diplôme d’Etudes théâtrales. (« Le diplôme était pour rassurer mes parents. ») Il fait plusieurs métiers tout en suivant différents stages – dont un avec Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil. De castings en auditions, il décroche des rôles ici et là. « Mais je m’ennuyais. » Il veut aller plus loin, prendre lui-même les choses en main, et en 1993 il fonde sa Compagnie de l’Arcade. « Nous avons commencé par la lecture de textes. » En 2000 la compagnie s’installe au théâtre La Manufacture de Saint-Quentin. L’Arcade est de plus en plus reconnue au niveau régional, part en tournée, va à Avignon, obtient le « conventionnement » tant prisé.

En 2010 l’Arcade commence une première résidence à Soissons, où elle apporte un nouveau ferment à la vie théâtrale, notamment par le long projet avec la population Ca va la famille ? Son action est interrompue en 2013, mais l’appel à revenir en 2016 fait penser que ses qualités n’ont pas été oubliées.

La résidence implique un engagement dans l’animation de la vie théâtrale de la ville. L’Arcade a toujours voulu que le théâtre, au delà du divertissement, contribue à l’épanouissement social et personnel. Depuis 2016 elle a mené des projets dans les établissements scolaires et centres sociaux. (In)visibles examine l’effet du regard des autres sur l’estime de soi. C’est une longue préoccupation de Vincent Dussart : combien utilisons-nous les autres pour remplir un vide existentiel, compenser les failles dans la conviction d’exister pleinement ?

Une compagnie en résidence crée aussi des spectacles. En 2017 Vincent Dussart a mis en scène Pulvérisés d’Andrea Badea, qui place les spectateurs en face de victimes d’une globalisation impitoyable.

Cette saison voit la création de Je ne marcherai plus dans les traces de tes pas. « C’est une commande : j’ai demandé à Andrea Badea d’écrire une pièce sur la honte. » Il s’y connaît : « J’ai été nourri à la honte. »

Vincent Dussart ne se refugie pas dans le théâtre pour échapper à ses fantômes. Un acteur ne s’y cache pas, il s’y révèle, au spectateur et à lui-même. A présent, Vincent Dussart existe dans la vie comme sur scène.

[Une version plus courte de cet article est paru dans le Vase Communicant n° 259.]

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