Les musiciens de l’orchestre d’harmonie chantent une messe de Niccolò Iomelli.
Concert de l’Atelier départemental de l’orchestre d’harmonie de l’Aisne, à la CMD
De jeunes musiciens des conservatoires et écoles de musique de l’Aisne, avec les professeurs et des musiciens de l’orchestre Les siècles qui les avaient encadrés pendant une semaine, ont présenté un concert de fin de stage. Ne figurant pas dans le calendrier de la CMD, et peu annoncé, il n’a pas rempli le grand auditorium.
Les musiciens entrent en scène au pas cadencé.
Pourtant, les cinquante-cinq membres de cet ensemble d’instruments à vent – avec tout de même un harpiste, deux contrebassistes et pas moins de quatre percussionnistes – sous la direction de Nicolas Simon, ont interprété un programme inédit et original. L’« itinéraire viennois » du cycle actuel de concerts à la CMD est respecté, tout juste. La marche turque qui sert d’ouverture évoque les « mehter », fanfares ottomanes comme celle qui a pu jouer lors du siège de Vienne en 1683. Oui, pourquoi pas ?
Seuls quelques musiciens sont présents sur scène pour lancer la marche. Les autres les rejoignent par groupe d’instruments, avançant au pas synchronisé. L’humour et la bonne humeur feront partie de la soirée.
Romain Dumas présente “La bataille de Vienne”. Nicolas Simon écoute.
L’orchestre a ensuite joué une création mondiale de Romain Dumas, présentée par le jeune compositeur. « La bataille de Vienne » offre un somptueux récit. Les Viennois font la fête, un tocsin sonne, la bataille a lieu, les Turcs sont mis en déroute… et la fête reprend. Il ne manque qu’un grand écran où des milliers de figurants reproduiraient la bataille sur la musique, splendide bande sonore de film.
Pourquoi avoir opté pour un ensemble de vents ? Romain Dumas admet « Je n’ai pas choisi, on me l’a proposé. Je me suis beaucoup amusé à écrire pour un tel ensemble. » Le plaisir est évident sur son visage.
Nicolas Simon annonce un rajout au programme, en le rattachant au sort des hommes, femmes et enfants actuellement dans l’adversité. Les musiciens se lèvent pour chanter un fragment d’une messe de Iomelli, compositeur italien du 18e siècle, démontrant ainsi leur double talent d’instrumentistes et de chanteurs.
Le concert se termine avec l’œuvre d’un autre compositeur contemporain, Johan de Meij. « Casanova », concerto pour violoncelle et orchestre d’harmonie, date de 2000. Selon Nicolas Simon, Johan de Meij avait deux envies : « évoquer Puccini, et écrire un concerto pour violoncelle ». Le résultat est un poème symphonique, forme qui fait penser à Richard Strauss, avec en soliste Raphaël Pidoux (qui avait joué au Mail en mai 2014).
Mais Casanova, ce ne serait pas plutôt Venise ? Eh bien, il a été secrétaire d’ambassade à Vienne en 1793. L’itinéraire est sauf, et nous avons eu droit à une interprétation riche et maîtrisée, où la jeunesse de la plupart des musiciens ne se percevait que par l’élan avec lequel ils ont joué.
denis.mahaffey@levase.fr