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Musique

Trompette de chambre

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L'art de la trompette

L’ambiance dans la grande salle de la CMD était chaleureuse, même si nous n’y étions qu’une centaine pour entendre le groupe Convergences. Après tout, nous étions ceux qui avaient bravé les rigueurs dehors, et pour qui la salle était comme un refuge luxueux de haute montagne. Le trompettiste Romain Leleu nous a même félicités d’avoir osé venir.

La configuration était celle d’un récital de musique de chambre, mais en même temps inédite : quintette à cordes et trompette. Toutes les transcriptions qu’ils jouaient prenaient ainsi une tonalité nouvelle, surtout avec le mordant de la trompette en soliste.

Ils ont démarré (le mot convient bien) par un air entraînant, dansant, subtile, à faire taper du pied, « Aguas de Março » du Brésilien Antonio Carlos Jobim. La neige dehors n’avait plus de pouvoir sur nous.

Quand un chanteur d’opéra s’encanaille dans la musique de variétés, le résultat est parfois gênant, la voix alourdissant ce qui devrait être décontracté et léger. Mais les instrumentistes de formation classique se convertissent merveilleusement, gardant leur virtuosité pour éclairer ce qu’ils jouent. Convergences fait penser aux musiciens de Sirba venus il y a deux ans.

« America » de Leonard Bernstein est devenu ainsi un feu d’artifice, la trompette jouant puis tricotant sur la mélodie, les cordistes l’accompagnant avec empressement.

Avant l’entracte, le groupe a joué une fantaisie de Manuel Doutrelant sur « Carmen » de Bizet. L’ensemble a gardé sa rigueur classique pour un concentré de l’opéra. La Habanera s’est transformée en solo pour trompette. L’originale pour voix de mezzo ne s’entendra plus jamais comme avant.

Kurt Weill, Joaquin Turina, Ennio Morricone, Luiz Bonfa : chacun était à la fois reconnaissable et nouveau. Romain Leleu s’étant retiré, ses musiciens ont joué la version originale de l’« Adagio pour cordes » de Samuel Barber, écrite pour quatuor à cordes. La partition avec ses lignes montantes et descendantes, le silence qui précède la reprise poignante pianissimo du thème pour finir, est devenue transparente, chaque élément visible par rapport aux autres.

Pour finir, « Libertango » d’Astor Piazzolla a prouvés que Convergences sait danser le tango.

En second « bis », le groupe est devenu contemplatif mais complexe pour un dernier feu d’artifices par Romain Leleu. Il fallait s’accrocher pour reconnaître, derrière ses salves, « Summertime » de George Gershwin. Il était temps de sortir, retrouver la neige gelée et l’hiver.

denis.mahaffey@levase.fr

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