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Le Vase des Arts

Le secret d’Antigone

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L'art de la reprise théâtrale

Le roi Créon (Bernard Malaka) et Antigone (Katia Miran)

Pourquoi, après tant d’autres auteurs, dont Sophocle, Cocteau et Anouilh, revenir sur le sujet d’Antigone, icône de la lutte individuelle contre la tyrannie ? Elle défend, contre (du roi Créon son oncle en l’occurrence), la loi divine. Le roi interdit les rites funéraires à son frère tombé au combat, le forçant à errer éternellement chez les vivants. Elle passe outre, puis se pend. Derrière l’image du tyran sanguinaire et de l’héroïne courageuse, le mythe raconte une lutte entre deux orgueilleux, incapables de compromis, obstinés, chacun convaincu d’avoir raison.

Romain Sardou, auteur d’Antigone, jouée au théâtre du Mail dans une mise en scène de  Xavier Simonin, fait tout basculer en insistant, à la différence de ses précurseurs, sur le secret incestueux derrière la naissance d’Antigone et de ses frères : leur père le roi Œdipe était, sans le savoir, à la fois le fils et le mari de Jocaste. Quand la vérité a éclaté, Jocaste s’est suicidée et Œdipe s’est crevé les yeux avant de mourir.

Xavier Simonin

Romain Sardou imagine que le secret n’aurait été découvert que par le couple lui-même ; leur mort serait restée mystérieuse, et seule Antigone aurait deviné la vérité monstrueuse dès son enfance. C’est l’élément qui fonderait ses attitudes et structurerait son comportement.

Cette nouvelle version de l’histoire est présentée dans une mise en scène assez hiératique, sur un plateau vide, par des acteurs qui se déplacent peu, toute l’action étant concentrée dans leurs voix, leurs gestes. Les costumes ne sont pas d’époque, et plutôt quelconques – sauf la cape cérémonieuse du Chœur (rôle joué par Henri Courseaux, qui apporte des commentaires parfois ironiques sur la situation) et la somptueuse robe blanche d’Antigone (Katia Miran) à la fin.

René-Alban Fleury (garde) et Katia Miran (Antigone) derrière Romain Sardou après le spectacle

Le propos de l’auteur justifie une approche minimaliste. Il s’agit de jeter un nouvel éclairage sur un mythe ancien, de détecter de nouveaux raisonnements, d’illustrer la construction du caractère entier d’Antigone, de montrer comment elle a acquis des certitudes inébranlables et une fierté presque arrogante.

A la fin du spectacle, l’auteur, le metteur en scène et trois des sept acteurs sont revenus pour un « bord de scène » avec des spectateurs. Ils ont raconté la genèse du projet entre l’auteur et Xavier Simonin. Ils ont parlé de cette reprise d’Antigone après le long arrêt dû aux mesures sanitaires. Pendant dix mois ils n’ont pas joué et c’est à Soissons qu’ils viennent de se retrouver sur scène. « Nous avons répété toute la journée. On a joué la pièce une fois et demi. » Les spectateurs du soir ont donc, sans le savoir, assisté à une nouvelle Première.

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