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Théâtre

Mail & Cies (2e partie)

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L'art du théâtre pour jeunes

1  Dom Juan (Cie Nomades)   2  Le chat botté (Cie Acaly)   3  Autres contes (Cie Milempart)   4  Tyltyl (Cie Pass à l’acte   5  Sibylle voleuse de sens (Cie Arts et Nuits Blanches)   6  Sorcière Latrouille part en vadrouille   7  Trans-Prévert-Express (Cie Les Muses s’y collent)

Sous le titre lisse de « Mail et Compagnies », les sept compagnies de théâtre professionnelles du Soissonnais présentent chaque année un panorama de leurs spectacles pour jeunes.

Les Muses s’y Collent ont créé « Trans-Prévert-Express » pour l’occasion. « Je voulais depuis un moment faire un spectacle sur Jacques Prévert » dit Karine Tassan pour expliquer le résultat.

Et ce résultat a le charme un tantinet espiègle, voire malicieux, du poète. La mise en scène, comme dans « Tangram » de la même compagnie en 2017, accorde de l’importance aux effets graphiques, au dessin, aux transformations d’objets.

Rémi Gadret joue la contrebasse, l’homme un peu dépassé par ses deux partenaires féminines, Karine Tassan et Mélanie Izydorcsak (en visite de sa propre compagnie du Milempart). Tout est à la portée du jeune public, mais l’amène quand même à connaître les œuvres de Jacques Prévert.

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« Tyltyl et l’oiseau bleu » de Pass à l’Acte était également une création, au point que la première représentation (de la version courte pour les plus jeunes spectateurs) avait un élément amusant d’improvisation, Eric Tinot faisant la course pour jouer tout en tenant la régie derrière le public. Le metteur en scène attitré de Pass à l’Acte, Mario Gonzalez, étant pris ailleurs, la mise en scène a été « collective ».

Il s’agit d’une adaptation pour le théâtre masqué de « L’oiseau bleu » par Maurice Maeterlinck, histoire de la quête initiatique de deux enfants entreprise à la demande d’une fée, montrant comment la tristesse peut être soulagée en « apprenant » la vie. L’oiseau bleu tant recherché n’est que le symbole d’une recherche éperdue.

Cette version se concentre sur Tyltyl, le garçon triste, et les aventures fantastiques d’une nuit qui l’amènent vers la paix et la joie.

Elle offre aussi une parfaite leçon de ce qu’est le théâtre masqué, ses visages qui, en restant immobiles, laissent chaque spectateur imaginer leur expression, et les gestes élaborés et codifiés, presque dansés, qui introduisent de la distanciation dans l’action. Le théâtre y devient une cérémonie, ce qui n’exclut pas l’humour et l’ironie.

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Dans une explosion de couleur, de musique et d’emphase, Acaly a présenté « Le chat botté », d’après Perrault mais en plus burlesque. Le grand atout du spectacle est Cécile Migout, qui joue le chat. Son tempérament comique, sa capacité à occuper la scène toute seule sont impressionnants. A la voir prendre des poses dix-huitièmes, se pavaner, sourire narquoisement, faire des grimaces, froncer les moustaches et surtout, moment délicieux, se faire un brin de toilette avec ses pattes avant, il est clair que la comédie est son univers naturel, et que sa performance remarquable dans la tragédie de « Lucrèce Borgia » a été un rôle de composition.

L’autre personnage principal, le cadet du meunier qui a reçu en héritage seulement un chat (seulement ? on allait voir !) est joué par Luc Dordolo, qui va loin dans l’indolence, la mollesse. Buté et primaire, il crée un joli contraste avec son chat malin et énergique.

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Pour les quelques adultes éparpillés dans le jeune public venu des écoles primaires et certains collèges, il y avait un autre spectacle permanent, du début de « Mail et Compagnies » à la fin : les spectateurs. Tout petits et impressionnés, ou assez grands pour se donner une contenance, ils donnaient l’image de l’enfant aux prises avec le théâtre. Ils participaient par des cris, répondaient aux interpellations des acteurs, se laissaient étonner par l’intrigue qui se déroulait sur scène. Ils pouvaient aussi parler avec le voisin ou ne pas rester en place, mais ne se sont jamais détournés de ce qui se passait devant leurs yeux. A la fin de chaque spectacle, ils levaient une forêt de doigts pour poser leurs questions, faire leurs remarques, dire ce qu’ils avaient le plus aimé.

Quand le théâtre s’occupe ainsi des enfants, il s’assure ses publics adultes pour l’avenir.

denis.mahaffey@levase.fr

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