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Théâtre

Une vie après une autre

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L'art du monologue multiple

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Michel Boujenah porte un châle rouge pour devenir sa mère.

“Ma vie rêvée” de Michel Boujenah au Mail

Les hasards de la programmation du Mail ont généré une coïncidence hallucinante, lorsque le comique Michel Boujenah a tiré un châle rouge sur ses épaules, pour devenir sa mère. Une semaine avant, le comédien Philippe Caubère avait eu le même geste pour devenir la sienne.

Chacun, seul sur scène, racontait une enfance séparée par la Méditerranée. « Ma vie rêvée » tunisienne fait pendant à « La danse du diable » marseillaise. Les deux mères drapées dans leur châle, à une semaine d’intervalle, sont primordiales : excessives, butées, aimantes. Le style est différent, l’impact égal.

Il n’est pas utile de comparer leurs qualités : d’ailleurs, face à face dans le programme du Mail, Caubère est classé « Théâtre » et Boujenah « Humour ». Mais il y a des échos et des résonances d’un spectacle à l’autre, et sur l’essentiel les deux se rejoignent.

« La danse du diable » est une longue exploration de la transparence, un portrait sans fard – mais avec beaucoup d’humour – d’un enfant/jeune homme trouvant son chemin au théâtre. Le tout est encadré d’une fantastique histoire de « sortie théâtre » anthropophage.

Michel Boujenah propose une heure de réminiscences plus populaires, frisant parfois le populisme, mais finement observées. Caubère garde sa distance théâtrale ; Boujenah est au music-hall, impliquant les spectateurs, les grondant, menaçant de faire expulser « les folles » qui rient trop et trop fort, mais trahissant constamment sa gentillesse par le sourire en coin qui accompagne ces avertissements. Humoriste, il va jusqu’à la blague vasiste : « Partie réparer le Vase » suppose-t-il pour expliquer le soudain silence d’une des rieuses.

Dans une « postface » après avoir été ovationné, il a dit le sens de sa démarche d’écriture. « C’est moi qui choisis ce qui se passe ici, qui décide que les policiers, les Juifs, ceux qui dont des dessins ne seront pas tués. » Boujenah aussi bien que Caubère crée un monde, ajuste la vie pour en faire un spectacle qui atteindra le public. Au-delà des différences, ils entendent se découvrir.

denis.mahaffey@levase.fr

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