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Histoire

Le brio, le panache et la fougue

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L'art de danser

"Sechs Tänze" sur la musique de Mozart

“Sechs Tänze” sur la musique de Mozart

Il n’y a pas de doute : le moment le plus extraordinaire d’une soirée déjà vibrante est arrivé à la fin, quand tous les danseurs de l’ensemble IT Dansa sont descendus dans la salle et ont chacun invité un spectateur à venir sur scène pour finir le ballet « Minus 16 » du chorégraphe israélien Ohad Naharin.

Quand un humoriste fait cela le résultat est souvent pénible, car la pauvre recrue ne sert guère qu’à rehausser l’image du professionnel par son inconfort plus ou moins dissimulé. Les autres spectateurs sont soulagés d’y avoir échappé.

Surprise ! Les danseurs d’IT Dansa avaient déjà montré leur talents, leur énergie, leur vitalité. Maintenant ils prouvaient leur capacité à inspirer un partenaire. Les spectateurs-danseurs se sont laissé entraîner dans le mouvement, dansant avec autant de panache que leurs partenaires. Les applaudissements quand ils sont retournés à leur places saluaient, non pas leur courage, mais leur contribution à un beau spectacle (*).

L’Institut del Teatre de Barcelone offre un stage de professionnalisation de deux ans à de jeunes danseurs déjà diplômés d’écoles de danse. Le choix est fait sur audition. Au cours de la formation ils dansent dans des théâtres et des festivals, d’où leur venue à Soissons.

Leur jeunesse explique en partie leur brio en ouvrant la soirée avec « Sechs Tänze » de Jiri Kylian sur « Six danses allemandes » de Mozart. Elle doit expliquer aussi le plaisir avec lequel ils se sont prêtés comme des gamins à ses constants détournements des gestes du ballet classique.

« In memoriam » de Sidi Larbi Cherkaoui, sur la musique du groupe corse A Filetta, est une version adaptée pour trois danseurs. Il montre l’agression, la tendresse, que le chorégraphe imagine sujettes à la confusion entre mémoire et réalité après la mort.

Ces très jeunes danseurs doivent porter la gravité du sujet. Ils ont été brillants ; il faudrait les voir dans cinq ans, avec le poids de l’expérience et de la vie sur leur interprétation.

Dans « Minus 16 » la troupe déborde d’inventivité – car l’improvisation de chacun joue un rôle dans la chorégraphie. Un danseur était déjà sur scène avant la fin de l’entracte dans un long solo acrobatique, avant d’être rejoint par les autres, habillés en costume noir sévère, avec un chapeau, noir aussi. Tout respirait l’humour, la joie de danser, seule justification de la discipline quotidienne d’un danseur.

Le brio des danseurs IT Dansa et le panache des spectateurs devenus danseurs aussi ont fusé pour générer une ambiance fougueuse à faire regretter à ceux qui sont restés dans leurs fauteuils de ne pas été appelés eux aussi à aller se joindre à la ronde.

(*) Les applaudissements à la fin ont été longs et nourris Ce n’est pas la première fois que des artistes venus au Mail ont paru étonnés et émus par la chaleur de l’accueil. Le public du Mail a pris l’habitude, quand il apprécie un spectacle, de déborder d’enthousiasme.

denis.mahaffey@levase.fr

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