Kanako Abe dirige.
Le concert de l’Orchestre de Picardie, sous la direction de sa bondissante chef japonaise Kanako Abe, était déjà lumineux, avec un programme résolument plaisant et sensuel, à commencer par l’« Ouverture anacréontique » de Jean Françaix, aux envolées qu’on aurait dites du début de siècle, mais qui date de 1978. Anacréon ? Un poète grec dont le nom est devenu synonyme d’érotisme léger.
Philippe Bernold a été soliste du Concerto pour flûte de Jacques Ibert, une interprétation à la fin spectaculaire et intime d’une œuvre qui illustre exactement le propos du compositeur : « Ce qui compte en art est plus souvent ce qui émeut que ce qui surprend. »
Philippe Bernold et Kanako Abe
Puisqu’il n’allait jouer après l’entracte que deux brèves compositions de Mozart, Philippe Bernold a proposé aussitôt son « bis », « Syrinx » de Debussy. Une question commençait à se poser : quelle est la différence entre un musicien qui joue très, très, même très bien, et un flûtiste comme Philippe Bernold ? Est-ce une vision intérieure qui transforme ce qu’il joue, une perspicacité musicale intense, une sensibilité aux intentions du compositeur ? Que fait-il pour atteindre à la fois l’émotion et l’intelligence des auditeurs ?
Après de tels moments, la très familière Symphonie n° 40 de Mozart avec laquelle le concert s’est terminé ne pouvait qu’assumer la fonction de faire redescendre le public sur terre.
Un musicien de Cercle musical, interrogé à l’entracte sur les qualités transcendantes du flûtiste, a répondu « Peut-être ce qu’on appelle le supplément d’âme. » D’autres avis ?
Note sur le programme : alors que la brochure de l’Orchestre de Picardie énumérait correctement les œuvres jouées, le feuillet plié de la CMD omettait l’Andante de Mozart et ajoutait l’ouverture des « Noces de Figaro » à la fin. Mauvaise coordination, manque d’attention… ?
denis.mahaffey@levase.fr
[Modifié le 22/03/16 pour corriger des coquilles.]