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Musique

Autour du monde trois fois par jour

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L'art de voyager en musique

Le plus grand exploit que représente Les incroyables aventures de Mister Fogg à la CMD, produit par le Conservatoire, a été de faire faire le tour du monde en musique et en paroles à 1 500 élèves soissonnais en une journée. A raison de 500 chaque fois et en trois séances successives, tous ces élèves ont assisté à une adaptation musicale par le compositeur italien Marco Marzi de Le tour du monde en quatre-vingt jours de Jules Verne.

Vincent Dussart est Phileas Fogg.

Les jeunes spectateurs ont eu l’expérience, inédite pour beaucoup, d’assister à un spectacle qui n’était ni une pièce ni un concert, mais un conte que dit – et joue – un acteur accompagné, non pas par une bande sonore, mais par de vrais musiciens, sept ventistes et un percussionniste sous la direction d’un chef d’orchestre. Les musiciens étaient des professeurs du Conservatoire, avec deux membres de l’orchestre Les Siècles. Martin Barral avait laissé son violoncelle au vestiaire pour les diriger. Ainsi la musique n’était pas seulement sonore mais visible, sa structure révélée par les gestes des instrumentistes et leurs interventions. La musique est devenue un spectacle en elle-même.

La partition est de la « musique à programme », illustrant directement ce qui se passe, traduisant des images. Chaque épisode a sa musique : les Sioux galopent, l’éléphant avance d’un pas lourd ; surtout le train du début du voyage démarre lentement, puis la cadence s’accélère (comme l’histoire).

Il fallait ajouter la parole. Phileas Fogg lui-même est le narrateur. Quand les spectateurs entraient, il était assis à une petite table à part, habillé en dandy anglais du 19e siècle, le visage caché par le journal qu’il lisait. Quand la musique a commencé il s’est levé – et s’est révélé être Vincent Dussart, professeur d’art dramatique du Conservatoire.

Mots et musique d’accompagnement soigneusement imbriqués, il a lu l’adaptation du roman de Jules Verne. C’est le récit d’un voyage éclair (pour son temps), mais surtout qui se cogne à toutes les embûches imaginables et inimaginables, retards, pannes, arrestations. Rien pourtant n’empêche le redoutable Fogg, avec son serviteur et sa princesse, d’arriver à temps à sa destination, le club huppé de Londres où le défi avait été lancé, quatre-vingt-un jours après le départ. Quatre-vingt-un ? Oui, sauf qu’en passant autour de la Terre d’ouest en est, les voyageurs ont gagné un jour calendrier. Ta-daaaa !!!! Fogg a gagné !

Ceux qui connaissent le travail de Vincent Dussart n’auront pas douté de sa capacité à faire passer ce texte pourtant plein de références inconnues des jeunes spectateurs. Ses déplacements ont été limités, juste assez pour éviter une narration statique ; mais tout se jouait sur son visage. Les réactions de Fogg à ce qui se passait donnaient du sens à l’histoire.

« Un vrai spectacle pour les jeunes » avait dit Benoît Wiart, directeur de la CMD, qui s’est adressé à la salle bourdonnante avant le spectacle, en invitant chaque instrumentiste à jouer quelques notes. La pédagogie s’y nichait discrètement.

denis.mahaffey@levase.fr

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