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Carrières de Noyant inaugurent leur nouvelle usine

Un cap industriel a été franchi avec le bâtiment de 6000 m2 sur le plateau de Septmonts, inauguré le 11 octobre en présence de 500 personnes. Cette usine se situe au-dessus des 50 km de galeries d’où sont extraits les blocs des fameuses pierres du Bassin parisien à destination du marché du gros-œuvre du bâtiment.

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« Stéphane Franqueville (directeur production) présente aux visiteurs les aspects techniques et historiques de l’extraction de pierre dans la partie musée de la carrière de Noyant.

L’histoire de cette nouvelle usine commence en 2017. Quatre associés reprennent les Carrières de Noyant à Clotaire Dumetz et Sylvain Laval, avec l’ambition de pérenniser l’activité et ses 23 salariés. Emeric de Kervenoaël, directeur et associé, requestionne toutes les étapes de production afin d’optimiser et rationaliser chacun des process : l’extraction, le débit, les entailles et la palettisation. Camille de Paul, directeur Développement et également associé raconte : « Divers investissements sont réalisés pour alléger la pénibilité des opérations, informatiser le suivi des étapes de production et surtout augmenter cette production pour répondre aux multiples demandes. Malgré cela, les carrières du Bassin parisien dont nous faisons partie peinent à répondre à la demande en matériaux naturels pour le gros-œuvre du bâtiment. Aujourd’hui encore, 50 % de la pierre utilisée en France, tous usages confondus, est importée… Avec toutes les conséquences sur l’emploi, sur l’environnement et sur les recettes fiscales et sociales que l’on peut imaginer ».

Les associés décident donc dès 2019 de se lancer dans la construction d’une usine permettant d’être plus réactif aux demandes des clients et de limiter les pertes de produits afin de maîtriser les coûts. En effet, les pertes avoisinent alors 65 à 70 % de matière sur un bloc avant d’atteindre le produit final. Avec ce nouvel outil industriel, l’objectif est de descendre à 40 % de pertes pour une même quantité extraite. Avec l’aide de l’Etat, de la Région Hauts-de-France, des collectivités locales telles que GrandSoissons Agglomération et des communes, ils obtiennent le permis de construire en juillet 2023 ainsi que le terrain. Cette nouvelle usine, avec ses 40 salariés, représente un investissement de 13 M€. Parmi les quelques carrières restantes sur les mille historiques du Bassin parisien, aucune n’a atteint ce niveau d’automatisation dans un marché en plein essor.

Camille de Paul et Emeric de Kervenoaël, deux des associés à l’origine du projet.

Emeric de Kervenoaël n’hésite pas à parler « d’usine 4.0 » en comparaison à l’ancienne de 1974. Une partie des machines fonctionnent 24h/24. Les blocs sont sciés en tranches puis en bandes et ensuite découpés en pierres. Deux lignes différentes sont alimentées par véhicules guidés automatiquement : une avec des plaquettes qui produisent des pierres de 2 à 10 cm d’épaisseur (parement de façade) et une ligne dite « massive » avec des pierres de 10 à 40 cm d’épaisseur pour la construction. Carrières de Noyant extrait chaque année 14 000 m3 de pierre en blocs. La nouvelle usine, trois fois plus grande, fonctionne avec 150 m3 d’eau en circuit fermé. Elle produit 100 à 200 m2 de pierres semi-porteuses par jour et 50 à 100 m2 de pierres massives structurelles par jour. La production va augmenter ; l’amélioration des process permet de produire qualitativement la bonne pierre au bon endroit, au bon moment et au bon client. Si l’entreprise souhaite réintégrer le marché local, elle projette aussi de faire évoluer l’outil vers la préfabrication d’éléments en pierre. « Finalement, conclut Emeric de Kervenoaël, la pierre naturelle est une réponse vertueuse aux enjeux de construction tant sur la maîtrise de nos impacts carbone que sur le confort, la durabilité et la beauté de “l’acte de construire”. »

Plusieurs siècles d’extraction de la pierre

L’exploitation de pierre calcaire à Septmonts est attestée depuis plusieurs siècles mais l’on ne connaît pas précisément à quand remonte les premières extractions. Depuis lors, la demande en pierres n’ayant cessé de croître, l’exploitation s’étend aujourd’hui sur les trois communes de Noyant-et-Aconin, Septmonts et Belleu et la carrière porte, depuis 1995, le nom de « Carrière de Noyant ». Les pierres furent initialement extraites pour la construction de bâtiments « nobles », tels des cathédrales, des châteaux ou des résidences de châtelain.

Ainsi La Carrière l’Évêque, aujourd’hui une ferme-gîte à Septmonts, est un grand manoir du XIXe siècle construit en pierres de taille extraites du site. Anciennement ferme épiscopale, la grange au nord répertoriée du XIIIe siècle et la grange du XIXe sont en pierres de Septmonts. Devant la ferme, le monument hommage à Georges Guynemer, classé monument historique en 1928, est également en pierres de Septmonts. Après la seconde guerre mondiale, l’usage des pierres calcaire se démocratise et le sous-sol local sert également pour la construction de bâtiments plus communs dans le Soissonnais.

De nombreux immeubles élevés au début des années 60 dans le quartier Saint-Crépin par ce qui se nommait alors l’Office public des HLM — aujourd’hui l’OPAL — ont-ils été réalisés, pour leurs murs extérieurs, avec des pierres extraites du sous-sol noyantais. C’est le cas des immeubles des rues Saint-Just et Paillet, de l’avenue de Pasly et du récemment démoli 5-11 rue Marcotte où certaines pierres mesuraient jusqu’à 40 cm d’épaisseur.

Dans l’entre-deux guerres, les premières machines remplacent la coupe manuelle. Une de ces machines peut toujours être vue dans la partie muséale de la carrière. En arrière-plan le système de coupe manuel du XVIIIe siècle.
La plus récente des haveuses, machine de coupe mécanique, est pilotée à distance, ce qui protège le conducteur de tout accident. Ce type de machine est quasiment fait sur mesure.

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