Bienvenue à Berny-Rivière, commune de 650 habitants qui longe l’Aisne et relie Vic-sur-Aisne à Fontenoy. Tout commence ici en 1927 avec son arrière-grand-père : « un petit bonhomme, pas si petit que ça mais tout sec, toujours la casquette sur la tête et des bonbons dans les poches. Un visionnaire pour l’époque ».
On sort de la 1re guerre mondiale dans ce territoire dévasté en pleine reconstruction. Léon a alors tout compris : un vélo et une carriole, il lance son épicerie ambulante. Le projet répond aux besoins des habitants du village, ça fonctionne. Quelques années plus tard, il pose son vélo et ouvre « La Renaissance ». Un côté épicerie qui propose tous les produits de première nécessité et de besoins courants, et un côté bistrot qui invite à la convivialité et aux retrouvailles.
À la sortie de la 2nde guerre mondiale, il transmet l’affaire à Léa, sa fille et la grand-mère de Didier, première femme à piloter l’aventure. Elle y fera toute sa vie professionnelle en faisant perdurer ce que son père avait instauré : l’accueil, la réunion, le service, l’écoute, aussi bien pour les habitués que les gens de passage. Et elle apprendra tout cela à sa propre fille, Micheline.
Changement d’époque, on arrive dans les années 1970, c’est le fameux boom d’après guerre. Micheline reprend l’affaire et lui donne le nom qu’on lui connaît désormais : Chez Micheline est née.
Les habitués du café sont toujours présents, mais les besoins évoluent : les supermarchés font leur apparition dans les villes alentour, les gens font désormais leurs courses près de leur lieu de travail, ils sont plus mobiles… Le commerce de proximité n’est plus indispensable dans le quotidien du territoire rural, les ventes de l’épicerie chutent drastiquement.
« C’était le moment de se réinventer ! » explique Didier. « Les travailleurs du coin venaient s’installer le midi avec leurs repas préparés à la maison. On les leur faisait réchauffer et ils mangeaient là, prenaient leur café, papotaient. Et puis le camping a ouvert et les touristes ont commencé à passer ».
Micheline ferme le côté épicerie, réagence l’espace, et ouvre le restaurant. « Elle faisait une cuisine traditionnelle, de famille. Des classiques finalement ». Le succès espéré est au rendez-vous et l’affaire repart.
Au décès de son père, Didier qui a grandi au café, travaille alors chez Vico. Il cumule les heures et commence à aider sa mère au bistrot, d’abord pour la soutenir et l’encourager. C’est le début des années 1980 et de l’aventure de vie pour cette équipe mère-fils à la relation unique : « On était un duo de choc. On a tout partagé, les bons comme les mauvais moments, à 100 %. »