Des vitraux pour la chapelle Saint-Charles

Classée au titre des Monuments historiques en 1922, encadrée par des boiseries elles-mêmes aux Monuments historiques depuis 1910, l’ancienne chapelle Saint-Charles au 9 rue de Panleu est néanmoins assez méconnue du public. Et pour cause, le lieu est longtemps resté fermé au cours du siècle dernier. « Un immense débarras », c’est ainsi que Monique Judas — Urschel et quelques collègues professeurs de l’époque l’ont découvert en 1985. La chapelle connut pourtant une véritable activité et notamment intellectuelle en tant qu’ancien grand séminaire de Soissons aux 18e et 19e siècles. En 1905, elle fut récupérée par l’État puis utilisée comme salle des fêtes de l’ancien collège de jeunes filles voisin, aujourd’hui le lycée Camille Claudel. C’est après la Seconde Guerre mondiale qu’on ne lui trouva plus d’usage, si ce n’est de débarras géant. Redécouverte en 1985, la Ville de Soissons l’ouvrit alors en salle publique pendant 10 ans, puis elle fut à nouveau fermée pour raisons de sécurité. L’action de l’Association de Sauvegarde de la Chapelle Saint-Charles (ASCSC) débuta ici, présidée depuis 1997 par Monique Judas — Urschel : « Notre rôle, explique-t-elle, inciter et aider la ville à restaurer et entretenir la chapelle. »

Et petit à petit, grâce à la persistance de l’association, la chapelle retrouve son lustre d’antan. « Tout était à faire, tous les vitraux par exemple étaient cassés en 1997. » Avec le concours et les dons des adhérents — ils étaient jusqu’à 180 avant le covid, ils sont encore une centaine actuellement — mais aussi des mécènes privés, la Fondation du Patrimoine et des entreprises locales, des travaux de restauration ont été engagés : à commencer par les vitraux mis hors d’eau, puis la toiture, les sols, des peintures de faux marbre sur les murs, les boiseries et l’accès PMR. La dernière rénovation en date : l’éclairage intérieur réalisé en 2021. La chapelle Saint-Charles s’ouvre ainsi à nouveau au public, dès 2004 à l’occasion des Journées du Patrimoine. Depuis, elle accueille des manifestations ponctuelles, à vocation culturelle principalement, à l’image d’un Salon du livre, des expositions et des concerts en collaboration avec la Cité de la musique et de la danse. A noter d’ores et déjà sur ses tablettes : le récital clavecin de Pierre Hantaï qui sera donné le vendredi 7 juin. La chapelle est aussi ouverte aux visites tous les lundis de l’été.

Depuis 3 ans, l’ASCSC planche maintenant sur son nouveau projet de mise en valeur de la chapelle, « les dossiers et la collecte de fonds étant longs à mettre sur pied », souligne la présidente. Il s’agit en l’occurrence de deux vitraux qui viendront se placer sur les deux anciennes fenêtres de part et d’autre du retable, la partie supérieure et sculptée de l’autel. « Ces deux fenêtres étaient auparavant ouvertes sur l’extérieur, précise Monique Judas — Urschel, mais elles ont été bouchées pour faire des salles de classe de l’ancien collège de jeunes filles dans le prolongement de la chapelle. Elles ne pourront donc pas être rouvertes et notre projet consiste à appliquer deux vitraux contemporains et rétroéclairés pour y recréer la chaleur colorée et particulière du chœur d’autrefois. » La réalisation des vitraux sera confiée à la vitrailliste Élodie Lemaître et l’atelier Berthelot de Saint-Pierre-Aigle qui étaient également intervenus sur la restauration de la rose de la cathédrale de Soissons.

L’ASCSC prévoit un budget total de 38 000 €. Elle sera notamment soutenue par la fondation du Crédit Agricole et la Ville de Soissons poursuit son accompagnement de l’association car le conseil municipal vient d’attribuer une subvention de 3 000 €. Elle vient compléter deux autres subventions de 3 000 € accordées ces deux dernières années. Les deux vitraux seront posés durant cette année 2024, « dans l’idéal, nous les inaugurerons lors des prochaines Journées du Patrimoine », confie la présidente de l’Association de Sauvegarde de la Chapelle Saint-Charles.