Connectez-vous avec le Vase

Actualités

La réponse du circuit-court à une consommation plus responsable

La période exceptionnelle de deux mois de confinement aura eu pour bienfait de mettre en avant la filière du circuit-court. Quelles que soient les raisons : éviter la proximité et les files d’attente des grandes surfaces, l’envie et le temps de cuisiner et manger de bons produits, la volonté de soutenir les petits producteurs locaux… le circuit-court est apparu comme une réponse ou une alternative pour consommer différemment.

Publié

le

A la Ferme de Léchelle,  le moulin tourne à fond

De l’étonnement de tous, le confinement a notamment eu pour conséquence de vider les rayons de farine. A la Ferme de l’Echelle à Berzy-le-Sec, Camille et Gaëtan Vecten en ont ressenti le double effet. Producteurs – entres autres – de farine « à l’ancienne » issue à 100 % de leur exploitation, ils ont vu leur clientèle doubler :

« La demande est énorme, admet tout simplement Gaëtan. Nous avons bénéficié du fait que nous sommes peu nombreux à produire de la farine, reconnaît-il, à cela il faut ajouter que durant cette période les gens ont eu besoin d’aller vers la campagne, de prendre le temps, mais aussi la volonté de retrouver des produits sains. »

Au contact de ses nouveaux clients, Gaëtan a en effet perçu une prise de conscience : « A la fois une envie de produits durables et une recherche de sens, en opposition à la maladie violente qui a obligé au confinement. Consommer en circuit-court, c’est aussi une assimilation de valeurs par rapport à l’achat de produits qui viennent de l’autre bout du monde, cela ne veut rien dire. »

De cet enthousiasme vers une autre forme de consommation, le producteur de la Ferme de Léchelle espère des prémices de beaucoup de choses, au-delà même d’une alimentation et d’une agriculture plus responsables : « Cette dynamique peut créer un nouvel élan dans les villages qui pourraient retrouver des activités sociales et solidaires. Il faudrait évidemment que les gens ne reprennent pas leurs anciennes habitudes et reviennent chez leurs petits producteurs locaux. »

Dans ce contexte, Gaëtan Vecten imagine que la filière se développe : « Il manque de produits différents pour faire avancer le système. De nouveaux producteurs pourraient se lancer, mais il faut obligatoirement qu’ils soient passionnés par leurs produits, c’est la condition sinequanone pour partager des valeurs humaines et sociales avec le public qui apprécie cette démarche. ».

Gaëtan Vecten a fait tourner son moulin plus que jamais pour répondre à la demande en farine « à l’ancienne ».

Boucherie Hamby : le système artisanal gagnant

Pour le boucher soissonnais Jean-Pierre Hamby : « Le circuit-court, c’est ce que je fais depuis 30 ans. Je travaille avec les mêmes éleveurs locaux, puis la vente se fait localement au magasin, en camion ambulant et sur les marchés. » Avec ce système artisanal, la crise sanitaire n’aura pas engendré de crise économique chez lui. Bien au contraire, ses ventes ont augmenté de 30 à 40 % : « Nous n’avons jamais vu autant de clients au magasin le samedi, à tel point qu’on ne peut plus faire le marché de Soissons en ce moment, témoigne Jean-Pierre Hamby. Avec les règles de distanciation, les gens attendaient à l’extérieur mais toujours très respectueux les uns des autres. Les deux camions qui circulent tous les jours dans les villages ont également été pris d’assaut. Les gens ont vu l’utilité des commerçants ambulants en cette période. »

La boucherie artisanale connaît donc un regain d’activité. Se poursuivra-t-il sur la durée ? « Je ne sais pas comment cela évoluera, confie Jean-Pierre, mais l’activité reste la même depuis le début du déconfinement. Cela nous permet même d’embaucher une personne supplémentaire. J’en profite pour remercier les gens qui nous font confiance, j’espère que nous réussirons à les satisfaire plus longtemps. Une chose est sûre, nous continuerons à les servir avec rigueur, et toujours en faisant le choix de la qualité. »

Jean-Pierre Hamby connaît un regain d’activité dans sa boucherie à Soissons.

Brasserie Grizdal : « Se réinventer pour s’adapter »

Renaud Douy et sa micro-brasserie Grizdal sont l’exemple type du circuit-court. Depuis son ouverture en juillet 2018, en production et vente directe à Ciry-Salsogne, Renaud affiche sa volonté de présenter une bière « indépendante et familiale, brassée dans le coin, pour être bue dans le coin et la trouver surtout dans le coin ».

Depuis la période de confinement, il a dû s’adapter à la situation, « plutôt tendue » pour sa part, confie-t-il. Une première raison explique cela : une partie de son activité dépend des bars dont l’autorisation d’ouverture n’est toujours pas accordée jusqu’ici. Lui-même s’est interdit d’ouvrir son côté vente directe producteur. Renaud le justifie par le « besoin de faire goûter mon produit au consommateur ». Autre manque à gagner encore plus impactant : les annulations successives de tous les événements et festivals locaux qui lui permettent de tenir durant la période creuse de l’hiver.

Pour contrecarrer une partie des pertes de chiffre d’affaires, le brasseur a alors mis en place un système de livraison à domicile dans un rayon de 30 km autour de Ciry-Salsogne. Mais Renaud Douy a aussi fait marcher la filière ultra-locale et s’est rapproché de plusieurs boutiques de producteurs et maraîchers locaux pour y proposer sa bière Grizdal : « Un réseau d’entraide s’est organisé entre petits producteurs. On se sert les coudes et cela fonctionne. S’il y a un côté positif à retirer de cette crise sanitaire et de fait économique, ce sont ces partenariats qui se sont créés. En étant dans l’obligation de s’adapter et de se réinventer, nous voyons que le travail en local est possible. » Le brasseur de Ciry-Salsogne se réjouit de voir qu’il existe une alternative à la production industrielle, « à condition toutefois, souligne-t-il, que dans l’après-confinement les consommateurs ne nous oublient pas… »

S’il a arrêté sa vente directe producteur à Ciry-Salsogne pendant le confinement, Renaud Douy a mis en place des livraisons à domicile.

#TousAvecNosArtisans

La Chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France lance l’opération #TousAvecNosArtisans pour inciter les consommateurs à continuer à se rendre chez leurs artisans locaux.

Le coronavirus et le confinement auront eu donc l’utilité de mettre en avant l’artisanat local. Des boulangers, aux traiteurs, ambulanciers jusqu’aux plombiers, les artisans se sont en effet retrouvés en première ligne pour que chacun bénéficie de leurs produits et services indispensables. L’idée du « consommer local » est passée d’une possible aspiration à une véritable nécessité.

C’est cette pratique de consommation que la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) veut continuer à défendre : « Avec le déconfinement, nous souhaitons que les habitants des Hauts-de-France qui se sont tournés vers leurs commerces de proximité ne perdent pas cette habitude, cela fait vivre les villes et les villages de la région, l’économie de proximité. »

La CMA des Hauts-de-France rappelle en effet le rôle important que jouent les artisans dans le tissu économique régional : ils représentent 90 000 entreprises pour 160 000 emplois. La CMA précise : « L’artisanat sera un vecteur fort de la reprise économique. »

Elle lance alors l’opération #TousAvecNosArtisans pour inciter le public à se déplacer chez leurs artisans. La campagne de communication vise donc à soutenir l’artisanat local de façon numérique ou réelle. Elle s’adresse tout autant aux consommateurs qu’aux artisans eux-mêmes pour partager l’action sur les réseaux sociaux avec le hashtag #TousAvecNosArtisans, arborer le logo (voir l’illustration), afficher le sticker Tous Avec Nos Artisans disponible dans les antennes CMA, et bien sûr se rendre chez son artisan de proximité.

Continuer la lecture
P U B L I C I T É

Inscription newsletter

Catégories

Facebook

LE VASE sur votre mobile ?

Installer
×