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Quand les Soissonnais pavoisaient

Une fois n’est pas coutume, la rubrique de la photo insolite en dernière page de notre journal est l’occasion de fouiller un peu plus en profondeur dans les archives de la ville de Soissons, de redécouvrir ou même de découvrir tout simplement l’histoire locale. Et on ne boudera pas son plaisir quand cette histoire se veut joyeuse et pétillante.

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Histoire joyeuse et pétillante, c’est le cas avec cette image insolite du n°297 : une photo d’un chai avec ses tonneaux et ses cuves prise en 1930. Où cette cave se situait-elle ? Et quel vin prisé des Soissonnais abritait-elle ?

Ce chai est celui de la maison Vailliant, situé rue Pétrot-Labarre où s’est installé depuis 3 ans le pressing-couture discount Saint-Martin Clean. Avec cette image, s’ouvre tout un pan de l’histoire soissonnaise. Celle des établissements Hubert Vailliant tout d’abord. Des recherches de la Société Historique de Soissons (SHS) et publiées sur son site internet éclairent sur le sujet : au départ il y a la maison Carpette fondée en 1645 par Pierre Carpette, marchand de vin. Puis en 1910, la maison Hubert Vailliant, installée rue du Plat d’Etain et marchand de vin à Soissons également, rachète la maison Carpette. La SHS précise : « Elle avait précédemment absorbé d’autres marchands de vin de Soissons, Boutroy, Cadiot et Fournit. Après la guerre, le fils de la veuve Hubert Vailliant prend la direction de la maison et vient s’installer au 25 rue du Commerce, aujourd’hui 6 rue Georges Muzart. »

Ce côté rue Georges Muzart communique toujours par une cour intérieure avec le 3 de la rue Pétrot-Labarre où se situait la cave.

L’époque était à la mode des apéritifs au quinquina apparus au XIXe siècle. Le fils Vailliant produisait lui aussi son quinquina, spécialement préparé à base de vieux vin. Difficile alors de se faire une place parmi les grandes marques qu’étaient les Dubonnet, Byrrh ou Saint-Raphaël qui ont connu un succès croissant jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir encore de vieilles publicités de ces grandes marques peintes sur d’anciennes façades. Mieux : même un siècle plus tard les générations actuelles connaissent le slogan : « Dubo, Dubon, Dubonnet ! »

La maison Vailliant ne connut pas ce succès retentissant. En 1929, elle renomma alors son vin : « Le Pavois » en mettant en avant sa filiation soissonnaise. La SHS décrit : « L’étiquette représentait en effet Clovis porté par ses guerriers sur son pavois, tenant dans sa main droite, non pas sa lance mais un verre. »

L’entrée de la maison Vailliant, au 25 rue du Commerce en 1967 (© SHS)...
… Aujourd’hui au 6 rue Georges Muzart.

Les établissements Hubert Vailliant avait leur emblème, encore fallait-il le faire connaître : « En 1929, La trompette en bois était une chanson très en vogue, continuent les membres de la SHS. La musique était de Vincent Scotto et les paroles de Lucien Boyer. Hubert Vailliant a alors l’idée de faire écrire des paroles à la gloire du Pavois et de faire enregistrer un disque par un chanteur de renom, Jean Rodor. L’apéritif avait maintenant son hymne. »

La SHS rappelle également que ce qui fit aussi le succès de l’apéritif soissonnais était son prix. Quand le litre de Dubonnet valait 14,50 francs, le Pavois ne coûtait que 11,50 francs : « Dans les années trente, le Pavois est devenu l’apéritif des Soissonnais. On le chantait dans toutes les fêtes publiques ou en famille. Les Soissonnais ne manquaient pas une occasion de pavoiser ! »

Le quinquina remède à tous les maux ?

Les apéritifs au quinquina étaient à la mode au début du XXe siècle. Dans ses recherches sur le Pavois, la Société Historique de Soissons rappelle que les Quinquinas se préparent à partir de vin, rouge ou blanc, aromatisé avec des macérations d’aromates et d’écorces de quinquina :
« Son succès vient sans doute de la présence de quinine dans l’écorce. À tort ou à raison, la quinine est réputée pour lutter contre les affections fébriles, les infections, la tuberculose, le diabète, les escarres et bien sûr le paludisme. »

La quinine, ingrédient du succès du Pavois et autres Quinquinas ? Elle refait en tout cas beaucoup parler d’elle en ces temps de lutte contre le coronavirus, en étant ô combien controversée. Bien sûr nous ne pouvons pas dire que le quinquina est le remède à tous les maux, l’étiquette du Pavois précisait d’ailleurs : « Ce vin n’est pas un médicament ».

Mais une chose sûre, il était le remède à la morosité.

De la cave au pressing

Le chai de la maison Vailliant se situait rue Pétrot-Labarre. L’établissement a définitivement fermé en 1985 et les installations ont été détruites en 1990. Une nouvelle activité, la restauration, a pris place pendant près de 15 ans à cette adresse : La Scala jusqu’en 1998, Le Chouan jusqu’en 2008, La Cavea jusqu’en 2014, puis Au Bœuf Picard jusqu’en 2016. Depuis 3 ans, le pressing-couture discount Saint-Martin Clean, auparavant rue du Mont Revers, y a installé ses quartiers.
La cave avant sa fermeture en 1985.
Aujourd’hui le pressing discount Saint-Martin Clean.

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