Au sud de Soissons sur la route de Château-Thierry, la commune d’Hartennes-et-Taux rassemble 350 habitants et une zone d’activités tertiaires. Auparavant traversé par l’ancienne D1, le village était commerçant : restaurant, boulangerie, café, aujourd’hui disparus, constituaient un cœur de bourg attractif bénéficiant du passage de l’axe Troyes–Saint-Quentin. Suite au contournement de la route départementale, le village a longtemps conservé les traces d’une circulation intensive. En parallèle, les problématiques d’afflux et de traitement des eaux de pluie dans le système d’assainissement collectif se sont accumulées.
En 2019, Sébastien Manscourt, maire de la commune depuis 2008, actionne un projet de réhabilitation du centre bourg. « Ça a représenté un gros travail pour pouvoir prétendre à l’appel à projets de la Région Hauts-de-France, un dossier comme celui-ci se prépare. Mais ça valait le coup ! ». La stratégie régionale vise, en contribuant à l’aménagement des centres-villes et centres-bourgs, à restructurer une offre économique locale et retisser du lien social. Le dossier est retenu parmi 114 communes des Hauts-de-France. Un investissement majeur de 900 000 € est obtenu, co-financé par l’État, la Région, le Département de l’Aisne et l’Agence de l’eau, et appuyé par des moyens humains mis à disposition par la Région. Les travaux démarrent en 2020 et s’étendent sur 2 ans. Un chantier ambitieux conçu à 360°. Au cœur du projet : la perméabilité des sols comme solution aux problématiques d’accumulation des eaux pluviales. « Les premiers tests sont effectués avec l’Agence de l’eau pour confirmer la viabilité du projet à long terme » : toutes les typologies de sols ne sont pas adaptées aux besoins techniques de mise en œuvre, et il est nécessaire de pouvoir creuser sur une profondeur précise.
Le feu vert est donné. C’est donc parti pour un réaménagement de la Grande Rue. « Tout est revu de bout en bout » : la chaussée est rétrécie en 2 voies, libérant l’espace nécessaire pour la création d’une voie « Liaison douce » dédiée aux piétons, cyclistes et autres usagers non motorisés, séparée de la route par des espaces paysagers et des places de stationnement perméables. Par endroits, le cheminement piéton est constitué d’un mélange de différentes tailles de cailloux concassés avec de la brique, permettant un bon drainage dans le temps.
Deux ans plus tard : retour sur cette expérience novatrice
« Il était important de ne pas perdre d’espace de parking par rapport à l’existant pour ne pas pénaliser les habitants dans ce réaménagement. Nous avons réussi ce pari, et des places supplémentaires ont même été créées. » Toutefois, la nouvelle configuration implique parfois des changements d’habitude pour les habitants. Certaines places ont été déplacées sur les trottoirs face aux habitations. Les usagers continuent de se garer devant leur domicile sur un trottoir qui n’a pas été conçu pour supporter cette utilisation. En parallèle, les places perméables et leurs zones végétalisées ont fait leurs preuves après presqu’un an et demi de pluies intenses : « on n’aurait pas pu faire face à cette accumulation d’eau sans ce dispositif ». Dans la foulée, c’est tout un projet de modernisation qui a vu le jour avec l’enfouissement du réseau électrique, la mise aux normes des compteurs d’eau, des lampadaires à LED à double éclairage, l’installation d’un système de vidéoprotection, le réaménagement de la circulation de manière à ralentir la traversée du village et sécuriser tout particulièrement son école élémentaire. La réhabilitation de la Place principale a quant à elle été « le point central de l’aspect lien social du projet pour recréer un véritable lieu de vie », avec l’installation de bancs, la remise en état de la fontaine, la mise aux normes de l’accessibilité du bureau de Poste et de la Mairie pour les personnes porteuses de handicap. Aujourd’hui, les nouveaux tilleuls grandissent, une boîte à livres a été installée : « Ça a permis au village d’avoir un autre visage ! ».