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Lucien Lefèvre ou l’art d’enseigner avec bonheur

En 2023, Lucien Lefèvre, instituteur à Bucy-le-Long, a pris sa retraite. Arrivé dans l’établissement en 1987, il a accompagné des générations d’enfants des classes de Cours moyen 1re et 2e année. Pour honorer les 36 années d’enseignement à l’école Charles Tassin de Bucy-le-Long, son ancienne salle de classe est désormais à son nom.

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« J’ai passé 36 ans dans la même salle de classe à exercer mon métier d’enseignant. Je me définis comme instituteur, comme maître d’école. » se résume humblement Lucien. Un instituteur qui marque les esprits et inspire son entourage. Madame Contesse, directrice d’école, témoigne : « Mon bureau de directrice était situé à côté de sa classe. J’adorais l’entendre enseigner. J’aimais sa voix forte, bienveillante et ferme en même temps. Il savait être encourageant envers les enfants. Je voulais que son nom reste. Trente-six années d’enseignement dans le même établissement, c’est quelque chose de pérenne, d’exceptionnel, qui n’existera plus. Je voulais une trace mémorielle ». C’est pourquoi, à l’initiative de la directrice et en accord avec la Mairie, l’Inspection académique, les parents d’élèves et d’anciens élèves, un hommage inhabituel lui a été rendu : la salle dans laquelle il a exercé porte désormais son nom avec une plaque commémorative réalisée par un ancien élève. C’est aussi l’une de ses anciennes élèves, Madame Gobancé, qui enseigne aujourd’hui dans la salle Lucien Lefèvre.

Au-delà d’une plaque, d’une voix, d’une constance, c’est un jeune homme qui, fraîchement sorti de l’École Normale de Laon, choisit d’effectuer son service national en coopération aux Comores. Il passe deux ans sur l’île d’Anjouan. À son retour, il est instituteur à Tartiers, petite école rurale d’une vingtaine d’élèves. À la fermeture de l’école, il est titulaire remplaçant pendant deux ans jusqu’à son affectation à Bucy-le-Long où il pose définitivement sa valise d’enseignant. Il se marie, élève trois enfants qu’il aura également comme élèves dans sa classe : « À la maison, j’étais Papa mais à l’école, dès le portail franchi, je devenais Monsieur Lefèvre. La voix de l’instituteur n’est pas la même que la voix du papa ». Pour l’anecdote, son épouse Hellène, également institutrice, a accouché à deux reprises le jour même de son inspection. Le partage du stress peut-être ? L’inspecteur de l’époque, Léon-Bouvet, s’en souvient encore puisqu’il a gardé la classe la première fois. La seconde, il avait décalé le rendez-vous.

S’il se définit comme « dans la moyenne des enseignants », il ajoute : « J’ai aimé faire la classe, être au milieu de 26 enfants, les yeux et les oreilles tournés vers moi, capter leur attention, leurs interrogations… Je me sentais comme un comédien sur scène, parfois comme un avocat, parfois comme un clown. » Après tant d’années d’expérience professionnelle, qu’apprend-on de son métier ? Lucien Lefèvre est clair : « La vie personnelle nourrit la vie professionnelle, être papa, être curieux, s’intéresser à l’actualité. Toutes les dimensions de la vie personnelle permettent d’affiner la compréhension du métier et des enfants. Toutes les occasions sont bonnes pour faire de l’apprentissage et surtout ne pas répéter tous les jours la même chose. Trouver la réponse aux questions que se posaient les élèves m’a beaucoup appris culturellement. D’ailleurs, l’Histoire est devenue mon dada. J’ai aussi appris l’empathie en me mettant de plus en plus à la place des gens : les enfants et leurs familles. Le métier d’enseignant, c’est avant tout de la bienveillance avec les enfants en difficulté sociale ou familiale. Je n’étais pas un maître austère mais disponible. C’était important que les parents soient en confiance. » Même si le mot n’est jamais prononcé, on sent bien un humanisme de terrain, très concret, pragmatique : « La base et le cœur du métier d’enseignant en cours moyen, c’est la lecture et l’écriture. C’est en fait développer le contact : savoir parler, être à l’écoute, s’interroger. C’est apprendre à chercher par soi-même, se mobiliser pour des causes comme lorsque, par exemple, nous avons mobilisé toute l’école et les familles pour soutenir une association de Mayotte. C’est construire son comportement, devenir citoyen. » Ses meilleurs souvenirs, Lucien s’en délecte avec passion : « L’apprentissage de la poésie, on ne récitait pas, on jouait, je me suis vraiment éclaté avec la poésie. Et la thèque (jeu similaire au baseball) aussi, ce jeu qui passionnait tant les enfants ».

Et maintenant ?

« Je me suis toujours retrouvé dans ce que j’enseignais. J’ai eu une liberté d’enseigner, une liberté de pédagogie. J’ai été heureux. La page est tournée depuis un an et, aujourd’hui, ma retraite aussi est heureuse ». Certes, la page de l’enseignement est tournée mais en a-t-il vraiment fini avec les enfants ? À en croire la directrice, Lucien Lefèvre, accompagne encore certaines activités de l’école Charles Tassin de Bucy-le-Long.

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