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Danse

La danse dans un fauteuil

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L'art de la danse pour tous les corps

Un fauteuil roulant dans lequel une femme est assise traverse la scène de droite à gauche, un deuxième de gauche à droite. Ils reviennent. Une troisième femme s’appuyant sur une canne les rejoint. Les fauteuils se mettent à tournoyer. C’est « Noughts and crosses » de Diana McKenzie (celle qui marche avec la canne), premier des six ballets de « Trace », spectacle de danse monté par « All bodies dance » au Roundhouse de Vancouver. Ce projet rassemble des personnes à mobilité réduite et pleinement mobiles pour danser ensemble. Selon la directrice Naomi Brand, « les différences sont considérées comme des ressources alors que nous explorons les possibilités chorégraphiques des fauteuils, béquilles et cannes, et (…) différentes façons de bouger et formes de perception ». Le nom même du projet le déclare : « Tous les corps dansent ».

L’appréhension d’être mal à l’aise devant des corps hors normes, ou déstabilisé par un sentiment de pitié, est vite rangée aux vestiaires. C’est la danse qui compte. Quand Adam Grant Warren, par exemple, quitte son fauteuil et se tire sur les coudes, cela devient dans ce contexte non seulement émouvant, mais surtout un mouvement chorégraphique. L’admiration s’impose, non pas devant le « courage » des danseurs, mais pour leur art. Les danseurs pleinement mobiles ne font pas d’exploits corporels : tout le monde est dans le même registre physique.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAPlusieurs danseurs sont devenus chorégraphes. « In*terru*pted », « Catch and release », « Reflections », « Verbatim » : les mouvements sont parfois joyeux, parfois lents et forcés, parfois élégants et tendres. Pour la grande finale, « Trace » de Naomi Brand, les corps se débrident dans une réjouissance d’ensemble. L’impression générale est du plaisir que ces danseurs prennent dans leur corps.

Les danseurs sont revenus pour se présenter et répondre aux questions. Un spectateur s’interroge sur « la circularité de plusieurs mouvements ». Sarah Lapp, encaissée dans son fauteuil, répond : « Parce que nous aimons tant faire des pirouettes. »

Naomi Brand conclut en soulignant l’importance du contact entre les corps « dans une situation non-fonctionnelle ». La danse est parfaitement inutile, c’est sa raison d’être.

denis.mahaffey@levase.com

Nous sommes au Canada, où l’histoire est surtout récente. Naomi Brand avait introduit le spectacle en exprimant sa reconnaissance envers « la tribu Squamish, sur les terres non-cédées de laquelle nous jouerons ». C’est une convention à observer.

Enfin, le Roundhouse est une rotonde ferroviaire, sur le site de l’ancien terminus du « Canadian Pacific Railway » construit entre Montréal et le Pacifique. La première locomotive est arrivée à Vancouver le 23 mai 1887. Elle est là, exposée dans une vitrine.

[Modifié le 27/05/16 pour corriger un lien et enlever une maladresse de style.]

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