L’après-midi d’une nuit tango

Une leçon de tango par Jorge Rodriguez et Marie-Anne Morin.

Un spectacle de tango au théâtre du Mail l’après-midi ? Cela pouvait faire penser à ces spectacles en tournée dédiés à éveiller la nostalgie chez un public qui a vécu assez longuement pour y être sensible. C’est une démarche honnête, mais elle n’intéresse guère des artistes qui cherchent, qui innovent, qui excellent.

Mais un coup d’œil au programme révèle l’intérêt de « Noche tango », c’est à dire « nuit tango ». Le directeur musical n’est autre que Juan José Mosalini, héritier d’Astor Piazzolla, grand compositeur argentin dont les tangos sont acceptés aussi bien dans les salles de danse qu’aux concerts symphoniques. Juan José Mosalini va même jouer le bandonéon prisé par son maître, accompagné au violon par Sébastien Couranjou, au piano par Diego Aubia, à la contrebasse par Leonardo Teruggi, et par la chanteuse Sandra Rumolino.

Le bandonéon est un instrument à vent et à clavier, ressemblant en plus carré à l’accordéon qui le remplace souvent en cas d’indisponibilité. Il est plus complexe à jouer, mais permet plus d’originalité dans les accords et couleurs sonores. Juan José Mosalini le joue avec une combinaison de concentration et de nonchalance.

Juan José Mosalini, héritier de Piazzolla.

Les tangos et les milongas se sont succédé devant une salle chaleureuse, une série dont se dégageaient les compositions de Piazzolla, reconnaissables par leur richesse sonore.

Deux danseurs, Jorge Rodriguez et Mari-Anne Morin sont intervenus pour illustrer les partitions. Leur prestation, pleine d’adresse et de hardiesses corporelles, a été surtout démonstrative, une sorte de leçon de tango. C’était aux musiciens derrière eux, instrumentistes et chanteuse, de dégager la sensualité entêtante du tango, né dans les bordels de Buenos Aires, et dont les rythmes subvertissent la bienséance.

denis.mahaffey@levase.fr

[Modifié le 08/04/16 pour enlever des coquilles.] [Modifié le 11/04/16 pour rectifier le nom de la danseuse. Marie-Anne Morin a contacté le Vase des Arts pour faire savoir que c’est elle qui a dansé, alors que le programme annonçait Maria Fitlali.]