Le titre « Scènes partagées » donné à cet événement annuel s’applique moins au fait que le même concert est donné à Soissons qu’à Laon qu’à la relation entre les musiciens qui jouent.
Gary Hoffman montre le bonheur de jouer Brahms.
Chaque année un chambriste de renom national et même international, soliste au festival de Laon, s’associe à des professeurs de conservatoire de l’Aisne. Chacun travaille les œuvres d’un programme de son côté puis, après de brèves séances de travail et quelques répétitions ensemble, ils se produisent en concert. Il ne s’agit donc pas d’un « ensemble » habitué à jouer collectivement, et qui en arrive à une unité d’interprétation qui dépasse les musicalités individuelles. Ainsi on peut imaginer qu’ils viennent « partager » la scène, au lieu de l’« occuper ».
Cette année, le violoncelliste canadien Gary Hoffman a veillé sur un sextuor dont les autres membres étaient les violonistes Patricia Bonnefoy et Sylvie Coquidé, les altistes Robert Aronica et Philippe Laugier, et la violoncelliste Frédérique Aronica. Ces musiciens se sont mesurés à deux sextuors : le n° 2 de Brahms et l’opus 48 de Dvorak.
Avec Brahms l’auditeur va de surprise en surprise, ponctuées de ses transitions, soit des ralentissements jusqu’à faire penser que le mouvement est fini, soit des changements de registre toujours planants.
Dvorak, influencé par ceux de Brahms, a composé à son tour deux sextuors à cordes. Celui du concert – qui n’a demandé que quinze jours à composer – est parfaitement classique, mais avec des sonorités et thèmes venus de l’Europe centrale, des échos de la culture de sa Bohême natal.