Avec Philippe Cassard au piano, David Grimal au violon et Anne Gastinel au violoncelle, le Festival de Laon et la CMD ont programmé tous les trios de Beethoven avec piano en trois concerts. Après le premier, à Laon en 2019, le deuxième vient d’avoir lieu à Soissons ; le troisième sera à Laon en automne.
A la CMD le récital revient aux débuts du jeune Beethoven, avec ses trois premiers trios, ceux dans lesquels il commence à trouver un langage personnel, et à prendre ses distances par rapport aux grands prédécesseurs, Haydn et Mozart.
Le concert révèle cette recherche, ces découvertes, à entendre dans la musique, mais aussi à voir dans les gestes des musiciens. Le premier trio, qui adhère aux valeurs classiques, sauf à remplacer le menuet habituel par un scherzo et à ajouter un mouvement aux trois traditionnels, contient quand même un passage où une phrase au piano est suivie d’un soudain arrêt, puis reprise au violon, puis au violoncelle. Le petit ballet entre les trois musiciens rend visible l’innovation musicale.
Ces moyens d’expression se développent dans le trio n° 2, dont le deuxième mouvement lent montre que pour Beethoven la beauté de la musique n’est jamais purement esthétique, elle a toujours un sens humain. L’auditeur qui s’ouvre à cette quête de sens approfondit l’expérience d’écoute. C’est le propre de son œuvre.
Le troisième trio, le plus connu, développe les contrastes, les inattendus, le dynamisme souple caractéristiques de la musique de Beethoven. L’auditeur, interpellé, se trouve entraîné dans des prises de position : l’écoute de la musique de Beethoven n’est jamais neutre.
En bis, après ces premières œuvres, Philippe Cassard, David Grimal et Anne Gastinel ont joué un mouvement du dernier trio avec piano de Beethoven, l’Archiduc. Ainsi le public, qui venait d’écouter ses premiers efforts, a pu apprécier leur aboutissement. Beethoven a forgé un langage musical capable de traduire l’expérience d’être humain.