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Exposition

Les mots de l’art

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L'art des mots

« Pierre Fourny, les ombres d’Alis » et « Joël Ducorroy, artiste plaquetitien », expositions à l’Arsenal jusqu’au 31 mai.

Les deux expositions à l’Arsenal portent un coup à la répartition consacrée qui met l’image d’un côté, le verbe de l’autre ; les tableaux sur les murs ou sculptures sur les socles, les écrits sur le papier ou à l’écran. Les images exposées ici sont formées de mots.

Pierre Fourny

Pierre Fourny

Pierre Fourny, qui occupe le grand espace en haut, est connu pour ses recherches langagières, exprimées à travers des spectacles, expositions et autres projets. Son Association lieux images et sons (ALIS) traite les mots, non pas comme des porteurs logiques de sens fixe, mais comme des pièges visuels dans lesquels le cerveau, engourdi par ses habitudes de lecture, tombe – souvent à la renverse, car l’humour abonde. En 2009 « La coupure », exploitant sa « poésie à 2 mi-mots », comprenait une exposition à Saint-Léger et un spectacle, « A vue ».

Les mots de Pierre Fourny s'en mêlent.

Les mots de Pierre Fourny s’en mêlent.

A l’Arsenal, chaque installation est en trois parties, à première vue disparates : un mot en grands caractères sur le mur, un autre mot, ou des lettres et fragments de lettre, placés devant à quelques mètres, et plus loin une œillère dans un carré de carton monté sur un poteau. Quand le visiteur regarde par le trou, les deux autres parties s’alignent, et un nouveau mot émerge. « FIGURE » et « AUCUNE » deviennent « AUGURE ». Ils ont un sens, certes, mais l’expérience est moins sémantique que visuelle.

Joël Ducorroy

Joël Ducorroy

Joël Ducorroy expose dans la succession de salles en bas. Il se dit « plaquetitien » parce que ses tableaux comportent des plaques minéralogiques de voiture, sur lesquelles des mots sont imprimés. Ces plaques sont positionnées pour représenter schématiquement tel sujet, dont les composants sont « nommés ». Les plaques qui représentent une femme couchée identifient les parties de son corps. Les yeux lisent les mots, et le corps n’émerge qu’à travers et après eux. Une plaque marquée « saucisse » est placée entre deux autres marquées « baguette ». Les mots révèlent le sujet.

L’effet souffrirait-t-il de l’accumulation d’œuvres dans une exposition ? On imagine l’impact d’un de ces tableaux, seul sur le mur d’un immense appartement blanc à Manhattan. A l’Arsenal, la répétition du procédé peut émousser l’effet.

Certains visiteurs ont été agacés, en haut comme en bas. « C’est de l’art, ça ? » Pourtant, une fonction de « l’art » – comme de la poésie – est de tromper l’attente paresseuse du regardeur/lecteur, exiger un changement de point de vue. Les mots de Fourny et de Ducorroy ne remplacent pas des images, ils assument leurs prérogatives.

denis.mahaffey@levase.fr

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