SEVE : l’artisanat fait une place à l’art

Frédérique Bertin et Antoine Bachoud

La grande salle d’exposition de Sève-Mobilier, association soissonnaise de réinsertion par le travail, est une corne d’abondance de meubles et objets, en bois ou métal, parfois restaurés, mais surtout faits de bois de récupération. Chacun est caractérisé par la créativité de sa facture. Deux chaises placées face à face, les dossiers et assises réunies par des planches, et c’est un banc inattendu. C’est cela le style Sève, venu des talents de deux designers, trois encadrants et une trentaine de salariés en insertion.

Des sculptures d’Antoine Bachoud

Sève a décidé d’aménager un nouvel espace d’exposition pour artistes locaux, créant ainsi un lien entre art et artisanat. Les premiers exposants sont un sculpteur et une peintre.

Antoine Bachoud est connu pour ses sculptures faites d’éclats d’obus, mais transformés en œuvres aériennes, optimistes, apaisantes. Entre ses mains le corps humain, qu’il soit en métal ou en bois, est souvent longiligne, comme pour viser les hauteurs ; d’autres sont somptueusement solides, « bien dans leur corps ».

Frédérique Bertin expose surtout des dessins à l’encre, accrochés les uns contre les autres dans un angle de l’espace-galerie, faisant ainsi une image commune composée d’œuvres séparées. Avec une grande économie, quelques courbes et traits, elle présente des corps nus.

Une nue en encre de Frédérique Bertin

Parlant de leur travail, le sculpteur et la peintre admettent avoir un commun le fait de laisser leurs corps incomplets – sans mains, ou pieds, ou sans détail. Au spectateur de laisser ces absences éveiller sa propre vision des choses.

Le Président de Sève Hubert Fouilliard et Directeur Matthieu Renard ont ouvert l’exposition, qui reste visible jusqu’au 8 janvier prochain. La proximité d’objets d’artisanat – dont on peut se servir – et d’œuvres d’art – qui sont à contempler – éclaire la relation des uns aux autres.

[Cet article paraît dans le Vase Communicant n° 324.]

Comme Ulysse

Rentré de la deuxième partie de son tour de France à pied, Jean-Marie Carré a assisté au vernissage. Ancien Président du GrandSoissons Agglomération, dès sa retraite de la vie politique en juillet 2020 il a entamé son voyage de 6 500 km. Il revient de la deuxième étape, de plus de 2 000 km, l’air à l’aise avec lui-même, comme quelqu’un qui a appris à être seul, richement. « Tous les soirs j’écris, ce qui s’est passé, les gens que j’ai rencontrés. » Pour se loger, il frappe aux portes : « Pas de tente, cela pèse trop lourd. » L’année prochaine il prévoit de compléter son périple, avant de fêter ses soixante-dix ans.