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Le Vase des Arts

Un concert aux couleurs proustiennes / Le merveilleux intégral

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L'art des Siècles

François-Xavier Roth fait applaudir un groupe de ventistes.

Deux concerts avec l’orchestre Les Siècles ont eu lieu à la Cité de la Musique, à une semaine d’intervalle.

Un trio de compositeurs français, Massenet, Fauré, Bizet, a été choisi pour mettre en valeur d’anciens élèves des Conservatoire et écoles de musique du Département, récemment devenus musiciens professionnels. Le dispositif, qui les réunit pour trois jours avec des membres des Siècles sous le nom de « Grande symphonie de l’Aisne », est sensé maintenir en quelque sorte la continuité annuelle de la « Jeune Symphonie », destinée aux élèves et interrompue depuis deux ans par les confinements. L’Association pour le Développement des Activités Musicales dans l’Aisne (Adama) poursuit ainsi le même objectif : offrir aux musiciens débutants la pratique d’un travail symphonique, l’occasion de se frotter à la vie d’un orchestre. Il y avait vingt-six jeunes instrumentistes – dont tous les trois trombonistes.

Trois trombonistes nouvellement professionnels : Antoine Gourlin, Pierre Bazin et Vincent Radix (de g. à dr.)

Benjamin Garzia a remplacé le chef en titre François-Xavier Roth, qui était souffrant.

Les deux premières œuvres, les Scènes pittoresques de Massenet et la Ballade pour piano et orchestre op.19 de Fauré, soliste Florent Boffard, exigent des musiciens une sensibilité au contexte historique du tournant du siècle, au style de la période, un respect pour l’ambiance d’époque. Pour le public, cette partie du concert a offert une occasion d’entendre, dans la clarté acoustique de l’auditorium, des œuvres moins familières, dont celle de Massenet, dont la réputation repose davantage sur ses opéras.

Pour finir, retour à la musique célèbre avec la Symphonie en Ut majeur de Bizet.  Comment imaginer que le compositeur avait si peu d’estime pour cette œuvre de jeunesse qu’elle a disparu, n’étant retrouvée qu’en 1932 ?

Le concert a été conçu parallèlement à celui du Festival de Laon rendant hommage à Marcel Proust pour le 150e anniversaire de sa naissance et le centenaire de sa mort en 1922. Le programme imprimé contient un texte intitulé « Un fil d’or », cataloguant le dense réseau de liens entre ces compositeurs et Proust, reliés par un parent, un ami, un camarade de classe, un salon littéraire.

Comme Jean-Michel Verneiges, directeur à la fois d’Adama et du festival de Laon, est connu pour sa sensibilité aux résonances entre la musique et la littérature – qui ont mené à plusieurs « concerts-lectures » – il est légitime de reconnaitre sa contribution à cette mine d’informations proustiennes.

Le texte a même modifié l’écoute du concert, en suggérant que Proust aurait trouvé la fameuse « petite phrase » de la sonate de Vinteuil dans la Ballade de Fauré. Précisément, au début de la composition une phrase se détache. Serait-ce celle-là ? C’est comme si Proust lui-même était dans la salle – en sachant qu’un écrivain peut très bien inventer une musique qui n’a jamais été entendue, ne le sera jamais, il n’a besoin que de mots.

Le chef d’orchestre François-Xavier Roth

Six jours plus tard l’orchestre Les Siècles au complet, sous la direction de François-Xavier Roth remis et en forme, a joué deux œuvres inspirées par de vieux contes fondés sur le merveilleux, Ma mère Loye de Ravel et l’Oiseau de feu de Stravinsky.

Cherchant ses sources chez Charles Perrault et d’autres auteurs, Ravel a choisi La Belle au bois dormant, Petit Poucet, Laideronnette impératrice des pagodes, La Belle et la Bête, et Le jardin féerique. Ces cinq saynètes ont été composées pour le piano et jouées pour la première fois par deux enfants, puis Ravel les a transcrites pour orchestre symphonique.

Stravinsky a écrit L’oiseau de feu pour les Ballets Rusees de Diaghilev. Les Siècles aiment innover, ce qui explique qu’au lieu d’opter pour une des suites existantes, comprenant une sélection de mouvements, l’orchestre ait joué la partition intégrale, avec ses 24 mouvements, le tout commençant par un grognement de contrebasses, que rejoignent les autres cordes.. L’effet des 24 mouvements a été cumulatif. Il y avait aussi du spectacle : les musiciens devaient gérer l’énorme complexité de la partition et la multiplicité d’instruments (dont un célesta et un piano). Le concert s’est terminé dans l’enthousiasme général, du public et sur le plateau.

Après les applaudissements et rappels François-Xavier Roth a pris la parole pour saluer la contribution de Jean-Michel Verneiges à l’action musicale aisnoise, et rappeler ce qui a mené à la construction de la Cité de la Musique : la nécessité de permettre à de telles œuvres d’être entendues.

Deux compositions merveilleuses donc, autant par le sujet que par la musique, tour à tour mystérieuse et capricieuse, menaçante et ludique, jamais prévisible, comme la magie elle-même.

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