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Le Vase des Arts

Imany : l’envoûtement en musique

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L'art du chant envoûtant

Sur la scène du Mail, Imany – nom de scène de la chanteuse Nadia Mladjao, d’héritage comorien – sait capter les regards. Enveloppée de noir, voilée sous un grand chapeau, au fond d’une grande chaise en rotin, puis émergeant drapée dans un vêtement rouge plissé qui lui moule le corps et couvre les cheveux, rôdant comme un félin, elle est un aimant pour les yeux les spectateurs. Elle ne s’adonne, dans cette première partie du spectacle, à aucune familiarité, ne sourit pas, reste hiératique, point de mire.

Mais elle partage les regards de la salle avec les huit musiciens qui l’entourent, cinq femmes et trois hommes habillés en noir. Chacun porte dans les bras un violoncelle, et ils jouent comme ça, debout ou assis, constamment en mouvement, suivant une chorégraphie énergique, attirant eux aussi l’attention. Ils élargissent la perception du violoncelle, instrument à la réputation plutôt sage et sereine : ici il est bruyant, cru, capable de tous les excès.

Imany – son nom signifie “foi” en arabe – chante, principalement ses propres compositions en anglais, mais aussi des standards, d’une voix ronde et un peu rauque  (elle expliquera cela plus tard).

Après It’s a wild world de Cat Stephens elle salue le public, sourit. La cérémonie d’envoûtement est accomplie. Elle reprend, mais dans un autre registre, dit son plaisir d’être là, son soulagement d’avoir pu chanter malgré « la crève ».

Elle parle du spectacle, de la détermination qu’il lui a fallu pour le faire selon ses intentions. Elle dit son admiration pour ses musiciens. « Je voulais des violoncellistes mais ne savais pas si je les trouverais. Et ils sont venus, prêts à tout. Je leur demande de sauter, ils demandent « Jusqu’où ? »

Le discours alterne avec la musique. Elle aborde le sujet du « voodoo », décrit ce qui se passe quand quelqu’un fait appel à un prêtre – « ou une prêtresse ! » Il faut « prendre et jette par terre huit noix. L’image qu’elles forment permet de savoir à quel voodoo s’adresser. »

Les musiciens jouent. Ils se mettent même en demi-cercle, comme pour un récital de musique de chambre, et entonnent… le thème du Lac des Cygnes de Tchaïkowski . Serait-ce une façon de narguer gentiment les auditeurs ?

Le spectacle prend fin dans une danse générale endiablée, pendant laquelle la tête d’Imany se découvre, laissant voir sa coiffure, avec deux longues nattes, celle d’une jeune fille, d’une enfant.

Dans le monde de l’invisible qu’est le voodoo, né en Afrique et disséminé le long des routes de l’esclavagisme, tout est déguisé, caché. Imany, spectre secret au début, femme-enfant rayonnante à la fin, montre le chemin vers sa découverte.

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