François Hanse, adjoint à la culture, a occupé la scène avec force, se prononçant fermement pour une saison « ouverte, accessible et surtout vivante ». Sabrina Guédon, qui fait la soudure entre l’ancien directeur expulsé et le futur à recruter, a présenté le programme avec aplomb et compétence, gênée seulement par l’intervention répétée de deux énergumènes (c’est la tradition), joués par Jérémy Prévost et Johanna Rousset.
Certains n’ont pas apprécié ses (oh ! petites) piques envers les Soissonnais. Le problème est moins le soupçon de parisianisme que la pâleur de « Vous recevez France-Inter ici ? » à côté de la causticité de Gaspard Proust, au Mail en 2012 : « Soissons est une ville qui bouge – à condition de secouer assez vite la tête. »
Il y avait – c’était inévitable – un petit air de reprise de la Bastille, au bénéfice de ceux qui auraient « oublié que Soissons a un théâtre ». Les avis divergeaient après : une femme entendait venir plus souvent, car « l’année dernière c’était triste » ; un homme préférait se taire, mais levait les yeux au ciel ; d’autres avaient carrément boycotté l’événement par solidarité avec le directeur déchu.
Le programme est dit « de transition », car il a fallu donner des coups de sabre dans « la proposition » précédente pour la réduire d’un tiers, et remplacer d’autres éléments au pied levé. Le résultat reste varié et copieux, surtout en musique, avec l’ouverture de la Cité de la musique en février. Certes, il n’y aura pas de moments phares de théâtre, tel « Tempête ! » d’Irina Brook en 2011, ou le sulfureux « Particules élémentaires » de 2014, deux spectacles qui ont secoué le public. Faire rêver les Soissonnais, soit, mais les éveiller aussi.
denis.mahaffey@levase.fr