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Trois chorales sont venues avant Noël dans une Unité locale de soins palliatifs. Convient-il de chanter l’Incarnation, la naissance, le début d’une vie, pour des patients qui sont proches de la mort ? « Ici, c’est un lieu de fin de vie » explique une soignante. « Nous nous y occupons de la vie ; la mort reste un grand mystère. » Aucune anomalie, alors, à célébrer la source de cette vie.
Les chorales avaient en partie le même répertoire, mais chacune possédait son style, son approche, sa relation aux patients.
« La Musarelle », chorale soissonnaise établie, s’est installée dans le couloir principal comme dans une salle de concert, avec les patients dans leur lits occupant les fauteuils d’orchestre.
Le deuxième chœur, composé de bénévoles des Visiteurs des malades en établissement hospitalier (VMEH), avait une autre démarche. Habitués à se rapprocher des patients, ils sont allés à deux ou trois dans plusieurs chambres, chanter devant le lit.
La troisième, venue déjà l’année dernière sous l’appellation « chorale sans nom », originaire d’Anizy et de ses environs, a été baptisée en cours d’année : « Bouquet des chants ».
Ses chanteurs ont pu insinuer les sons dans les couloirs et les chambres, sans les imposer. Pas seulement dans les lieux, mais dans les cœurs : les accompagnateurs, infirmières et bénévoles, avaient soudain les yeux mouillés, et des mouchoirs en papier ont circulé, quand la chorale chantait « Petit papa Noël ». Eculé peut-être, mais cet air évoque les enfants qui croient à un personnage magique, n’ont encore perdu cette innocence-là, ne s’occupent pas des noirceurs de la vie.
L’organisatrice de la chorale est amenée voir une patiente, qui avait « demandé à être euthanasiée en début d’après-midi, tant elle souffrait » admet la même soignante. « Nous avons plutôt donné le traitement qu’il fallait, nous sommes restés avec elle, et voilà qu’elle veut dire merci pour les chants. »
Alors, chanter Noël ferait du bien à tout le monde ? Une infirmière ferme une porte de chambre en face de la chorale : parfois, même la musique apporte trop de peine.
denis.mahaffey@levase.fr